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L’ expression pouvait surprendre du moment que l’attention ne s’arrête pas à des indications. Aux États-Unis, Judith « Zebra » Knight/Ramtha avait profité de la mode New Age en marquant une distance. Les premières représentations intégraient des curiosités d’amour, d’âme-sœur, d’Atlantide, de réincarnation, de passé, d’avenir… Et un discours sur une « conscience collective » produisant un ego « altéré », « antéchrist ». Elle affirmait ainsi dénoncer une tyrannie et des déviations pour travailler un auditoire sur des attitudes, des émotions, des opinions.
Une cassette «Ramtha Dialogues» n°29 intitulée « Yahweh/Jehovah », diffusée en 1982, s’inspirait d’interprétations de textes qui composent l’Ancien Testament pour faire d’un Dieu unique deux entités distinctes. Elle racontait une histoire de combats dans les Pléiades, d’un Yahweh défenseur d’une divine humanité contre un Jehovah dieu guerrier des juifs. Que JZK/Ramtha annonce son association avec ce Yahweh contre ce Jehovah dans un affrontement à venir décrit comme décisif devait participer à mobiliser.
Avec la notoriété, les thèmes avaient continué d’intégrer des références de fait plus identifiables. Les prises de parole liées à l’intérêt d’un public, restituaient des facettes de la société américaine. Le livre « La dernière valse des tyrans – La prophétie » transcrivait un discours attribué au personnage « Ramtha » pour prétendre révéler l’origine d’un complot. Ce texte en rappelait d’autres dans le propos et la méthode ; des rapprochements qu’une réédition confirmait.  

  RÉÉDITER UN COUP 

En juillet 1987, deux dates avaient été annoncées sur Canberra et Sydney pour les premières représentations de JZK/Ramtha en dehors des États-Unis et du Canada. Le journal communautaire « Windwords » communiquait sur l’évènement avec une interview de Gita Bellin qui le coordonnait en Australie. L’intéressée racontait un parcours d’anglaise passée par l’Inde et la Méditation Transcendentale avant de lancer son activité qu’elle associait au mouvement New Age. Récit de l’acquisition de la franchise « Ramtha Dialogues » pour en diffuser les produits. De l’organisation de séminaires d’introduction autour de cassettes et de vidéos. De la venue de Leslie Sinclair, conseiller média de JZK/Ramtha, avant de lancer une programmation officielle. L’interviewée livrait son cliché de l’Australie ; d’un exotisme, d’un esprit pionnier. Elle précisait être propriétaire d’un terrain en dehors des villes en montagne, posséder un réservoir d’eau, organiser une autonomie. Glissait l’anecdote d’un film, « The last wave » et l’histoire de Sidney confrontée à des pluies diluviennes, l’intrigue d’un meurtre et des visions de cataclysmes par des aborigènes. Dans le numéro deux du magazine australien « Nexus » quelques mois plus tard, G. Bellin faisait la promotion d’un unique week-end dans la salle d’un hôtel Hyatt à Sydney les 7 et 8 novembre. L’article reprenait l’argumentaire : pas de « suiveurs » mais des « frères », passer de « victime » à « maître », franchir l’obstacle d’une conscience « sociale » pour accéder à une conscience « cosmique ». Préciser aussi que JZK/Ramtha « enseignait » qu’autour de l’année 2000, seulement 10% de la population survivrait à des « jours à venir » présentés comme une phase précédant un paradigme. Affirmer que J.Z. Knight venait à la demande de « Ramtha » et laisser entendre que le message apporterait des précisions sur des « lieux sûrs » en Australie et des informations sur le système monétaire.

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Illustration de la diffusion du thème « valse des tyrans/jours à venir » sur la période 1987-2010 à travers différents types de support : journal communautaire, magazine, livres. Clic sur miniature pour visualiser.
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Le thème « Change. The days to come » [trad. Changement. Les jours à venir] avait été utilisé par JZK/Ramtha en séminaire à partir de la mi-1986. Décliné en cassettes audio et video puis plus tard en livre, il avait été de nouveau programmé (« Update on Changes, the Days to Come ») près d’un an et demi à l’avance : 350$ d’alors pour les 14 et 15 novembre 1987 dans la salle d’un hôtel à Seattle. Quelques jours auparavant, ce premier séminaire en Australie devait susciter l’intérêt et permettre de rôder un contenu « actualisé ». Les semaines suivantes, l’enregistrement composé de six cassettes se vendait alors pour 48$. Le mensuel « Windwords » en publiait un résumé et des commentaires dans le numéro de décembre. Deux ans plus tard, Douglas James Mahr l’adaptait dans un chapitre « Destination 9 » du livre « Destination freedom. A time-travel adventure-Stage II-Arrival instruction ». Judi Pope Koteen le transcrivait sous le titre « Last waltz of the tyrants – The Prophecy ».

La traduction francophone « La dernière valse des tyrans – La prophétie » a été publiée en 1990 avec « Louise Courteau éditrice » au Canada. Une Nota Bene signalait : « Ce livre a pour but de fournir l’information quant au sujet en titre. L’objectif de cet ouvrage est d’éduquer et de divertir. L’auteur et la maison d’Édition ne reconnaissent aucune obligation ou responsabilité face à toute personne ou entité qui subirait quelque perte ou dommage résultant, directement ou indirectement, de l’information contenue dans ce livre ». La quatrième de couverture proposait un résumé promotionnel :

apos_deb La dernière valse des tyrans nous révèle les défis extraordinaires et les choix fondamentaux auxquels l’humanité sera confrontée dans les jours à venir. Ce livre raconte l’histoire et décrit les machinations des Hommes Gris, ces grandes familles qui agissent dans l’ombre, tirent les ficelles du pouvoir, manipulent le marché boursier, possèdent la Réserve fédérale américaine et la plus grande partie de l’argent en circulation à travers le monde.
La dernière valse des Tyrans examine également la trajectoire établie par la nature, où la vie telle que nous la connaissons côtoie le désastre. Néanmoins, l’objectif principal recherché par l’auteur est d’éclairer les lecteurs, de leur communiquer une information qui ouvre l’esprit et, à la lumière des prédictions contenues dans le message, de leur permettre d’effectuer les choix qui s’imposeront dans un futur déjà à nos portes. »

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« La dernière valse des tyrans. La Prophétie. Ramtha. » Judi Pope Koteen, ed. Louise Courteau en français. 

En 2009, JZK/Ramtha rééditait le texte rapatrié dans sa maison d’édition « JZK Publishing » avec une version francophone l’année suivante. Au passage, le titre avait été augmenté des indications « Revisited » en anglais, « Nouvelle version » en français tandis que disparaissait la signature de Judi Pope Koteen (alias Judi Pope Zion), auteure de la transcription originale. À vingt ans d’intervalle, elle rééditait un texte et un « coup » pour s’insérer au moins entre la crise financière internationale amorcée en 2006 et un compte à rebours avant la date symbolique de décembre 2012. Aux quelques coupes et modifications de texte étaient ajoutés en ouverture une sélection de citations, un préambule en biographie officielle ainsi qu’une introduction sur le nom de « JZ Knight ».


  DE L’UTILISATION DES CITATIONS 

Une trentaine d’extraits* d’une à deux phrases composaient désormais l’amorce de « La dernière valse des tyrans – La prophétie – Nouvelle version » avec l’indication que ces « grands titres » de divers médias confirmaient « l’enseignement de Ramtha dans les années 80 ». À vérifier, des « grands titres » présentés comme tels s’avéraient pour certains être en fait des phrases d’accroche et de texte courant. Des approximations privilégiaient des impacts de formulation et d’amalgame. Les extraits coupés de leurs propos campaient un territoire d’expression : climat, inondation, incendie, qualité de l’eau, pandémie, ressources alimentaires, survie, guerre, terrorisme, crise financière, discours politique. La démonstration forcée n’intégrait pas ce qui avait précédé l’expression de JZK/Ramtha (dont les recherches sur les variations climatiques, le niveau des mers et des océans, la fonte des glaciers, la couche d’ozone, les pluies acides…), pas plus que ça ne mettait en perspective une actualité et une Histoire. Choisir des textes dont les dates étaient comprises entre 1980 et 2009 relevait de l’artifice tandis que l’accumulation des bouts de citations suggérait une improbable caution.

Les vingt-six citations illustraient des critères de sélection à destination de plusieurs publics et un style. Citer des médias pour revendiquer une pertinence coexistait avec les accuser de manipulation. Dénoncer le sensationnalisme s’accommodait de mélanger les genres : médias d’information, communiqué de corporation, communication marketing, conseil en placement financier, documents historiques. Légitimer un comportement « survivaliste » par un communiqué de la Sécurité Intérieure avec G.H.W. Bush cohabitait avec le rappel de son utilisation de l’expression « nouvel ordre mondial » lorsqu’il était Président. Les contradictions flagrantes accompagnaient une recherche de persuasion.

Pour qui avait parcouru le texte Apocalypse ou Révélation, les calamités comme signes favorisaient un rapprochement. L’utilisation par JZK/Ramtha de diverses formules —nombre six cent soixante-six, la « bête », « antéchrist », « tribulations »— renvoyait à des références chrétiennes. Ça capitalisait sur des imageries évocatrices sujettes à interprétations et sources d’inspiration. Dans une lettre d’information de la Ramtha’s School of Enlightenment (RSE) en 2007, celle des « quatre cavaliers de l’Apocalypse » était associée à G.W. Bush et à la guerre en Irak. À d’autres occasions, c’était l’Armageddon, l’Arche d’Alliance, Sodome et Gomorrhe qui servaient de point d’appui. De même, les assertions sur une « nouvelle Jérusalem » et sur le mouvement « Majorité Morale » qui avaient une résonance particulière aux États-Unis, participaient au discours.

Citer un lancement télévisuel du « Lou Dobbs Tonight » (CNN) sur des projet d’accords entre les USA, le Canada et le Mexique permettait de ramener les thèmes d’abus de pouvoir, d’immigration clandestine, d’abdication d’une souveraineté américaine à travers un animateur partisan aux États-Unis. Dans d’autres débats, Lou Dobbs s’est notamment illustré pour faire de l’acte de naissance de B. Obama l’argument d’une éventuelle destitution, et encore, par ses commentaires ironiques sur la question du réchauffement climatique et l’engagement d’Al Gore. À côté, JZK/Ramtha pouvait saluer le travail d’Al Gore dans l’introduction et soutenir financièrement des campagnes du parti Démocrate et de B. Obama.

Juxtaposer des citations de Barton Biggs comme gestionnaire d’investissements et de Naomi Klein comme icône alter-mondialiste ajoutait aux procédés. B. Biggs s’adressait en priorité aux épargnants et aux spéculateurs. Il avait revisité la période 1939-1943 pour préconiser comment préserver un capital, optimiser des investissements en période « d’adversité » et parler d’une « sagesse des marchés ». N. Klein tentait la critique de l’influence des économistes Milton Friedman et Friedrich Hayek à travers une politique américaine et des conséquences à l’échelle internationale. Elle isolait des évènements historiques pour dénoncer des décisions et les « chocs » que sont les guerres, le terrorisme, les catastrophes naturelles, la destruction des tissus sociaux et les ingérences. Inconciliables d’après leurs engagements, suggérer que B. Biggs et N. Klein soient compatibles favorisait des confusions.

Le clin d’œil depuis le nom de Lou Dobbs s’adressait en priorité à des convaincus. L’appel du pied en se servant de celui de Naomi Klein ciblait un public à faire basculer ou glisser, ou convertir. Hors l’apparence trompeuse de les réunir, l’information était accessible. Quand L. Dobbs abordait le thème de l’immigration illégale pour avancer le nombre de onze millions de clandestins et pointer principalement les mexicains, l’intervention allait sur le terrain d’une sécurisation des frontières et d’un durcissement de la législation. Quand N. Klein dans son livre signalait que L. Dobbs abordait le thème de l’immigration en agitant des boucs émissaires, c’était pour condamner les propos de l’éditorialiste nord-américain et pour soutenir l’expression de manifestations en faveur d’amnisties, de régularisations, de réformes.

De même, citer un titre du media « Mother Jones » contribuait à brouiller des repères. Le magazine revendique un journalisme d’investigation dont le financement est assuré par les abonnements, critique en général, prenant parti sur des sujets en politique, environnement, culture… L’article de Julia Whitty, réalisatrice de documentaires et correspondante pour la rubrique environnement, portait sur une expédition scientifique, à « prendre le poul de l’océan » : mises en perspective, chiffres, projections, pédagogie, réflexions. Un passage abordait même l’interrogation sur une période glaciaire pour préciser « personne ne sait ». Sans modérer des alertes, la journaliste « embarquée » ne cédait pas aux métaphores telles celles pratiquées par JZK/Ramtha qui décrivait des catastrophes comme les guérisons d’une nature pour définir des décadences, des déclins, des défaillances selon des critères particuliers. Dans ce contexte, la signature « Mother Jones » avait été ajoutée à celle de N. Klein et au media « Guardian » pour baliser d’éventuelles passerelles.

La citation attribuée au Président américain Thomas Jefferson était tronquée : « I sincerely believe… that banking establishments are more dangerous than standing armies. » au lieu de « And I sincerely believe, with you, that banking establishments are more dangerous than standing armies; and that the principle of spending money to be paid by posterity, under the name of funding, is but swindling futurity on a large scale. ». Les coupes et les approximations altéraient une réflexion voire une paternité. Celle ramenée au maire de New York en 1922, par omission ou par négligence, ne signalait pas qu’il avait précisément attribué à Théodore Roosevelt l’expression « gouvernement invisible ». Le discours de J.F. Hylan pouvait intéresser. Ça renvoyait à des arguments de campagne du parti Progressiste en 1912 et aux investitures pour l’élection présidentielle de 1924. La question de la corruption permettait d’aborder l’ « Ohio gang », l’affaire du « Teapot Dome », les monopoles à travers le « Standard Oil » de John Davidson Rockefeller. Le rôle d’un lobby comme le « Tammany Hall » dans l’élection de J.F. Hylan ajoutait aux curiosités possibles. Autrement, avec JZK/Ramtha, ça en restait aux sous-entendus.

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Utilisation de la citation attribuée à J.F. Hylan : 1926 « The secret world government or the hidden hand », Cherep-Spiridovich, p.37* ; 27 sept. 1937 dans « Social justice » (journal de C. Coughlin) p.5 ; Sept. 1960 dans « American Mercury » (mag. « conservateur » dirigé par Russel Maguire, fabriquant d’armes), article « Who are our rulers ? » signé Don Bell, p.135 ; 1961 dans « Thunderbolt » (National States Rights Party), compilation attribuée à E.F. Elmhurst ; 1961 dans « The cross and the flag » (support de G.L.K. Smith) reprise de l’art. de Don Bell ; 1962 dans « The secret government of the United States » signé Mary M. Davison ; 1964 dans « Où vont les USA ? » signé Pierre Hofstetter (éd. Saint-Just, cahier n°2  d’ « Europe Action » p.17, citant Don Bell) – la phrase traduite se retrouve également dans « Critique nationaliste » signé Jacques Ploncard d’Assac (éd. La Librairie Française, 1965, p.147) ; 196? dans « News Bulletin » de M.C. Fagan ; 1973 « The day the dollar dies », p.59 W. Cantelon ; 1980, « Descent into slavery » p.18, Des Griffin ; 1988 « The shadows of power. The Council on Foreign Relations and the american decline » p.3, James Perloff.
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Capter l’attention avec la métaphore « gouvernement invisible-pieuvre-tentacules » a été un choix de quelques acteurs de campagnes des années 1920 à 1960 : pêle-mêle, contre le communisme, contre le « New Deal », contre un « complot juif », contre l’intervention de l’État, pour une ségrégation raciale, contre l’ONU, contre l’UNESCO, contre des modifications des droits civiques et civils, contre les « libéraux », contre le désarmement… En fonction d’élections : contre Franklin Delano Roosevelt, contre Dwight Eisenhower pour Robert Taft, contre J.F. Kennedy, contre Lyndon Johnson, pour B. Goldwater, contre Earl Warren, pour G. Wallace, contre N. Rockefeller, contre R. Nixon, pour J.C. Schmitz … Jusqu’à « The last waltz of tyrants – The prophecy. Revisited » en 2009 et quelques autres depuis. Traduit en français, l’ingrédient était recyclé en 1964 dans un livre signé Pierre Hofstetter —« Où vont les USA? »— qui dressait un portrait des États-Unis à destination des militants de la revue « Europe Action », « Revue nationaliste d’action européenne » avec notamment Dominique Venner, Jean Mabire, Alain de Benoist.


  DE L’EXALTATION D’UN ENGAGEMENT 

La composition des courtes citations en ouverture de la « Nouvelle version » de « La dernière valse des tyrans » illustrait des procédés. Omission. Contradiction. Confusion. Approximation. Pour qui s’y arrêterait, JZ Knight signifiait préventivement que ce qui constituait avec elle de l’ « information », était ailleurs potentiellement du « battage publicitaire » ou de la « polémique ». C’était le sens d’une introduction pour ajouter aux éventuelles adhésions un intérêt pour les calendriers mayas avec la date de 2012 et le documentaire « Une vérité qui dérange » d’Al Gore « nobelisé » en même temps que le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC). Et puis, blâmer « l’avidité » en période de crise économique pouvait sembler consensuel pour introduire des propos ambigus.

JZK/Ramtha prétendait faire accéder à une connaissance et confrontait autrui à en faire l’expérience. Si quelques précautions de langage rappelaient une notion de libre-arbitre, le discours en dessinait un cheminement particulier. Ailleurs dénoncés quand cela servait, les concepts de dualités et de polarités étaient utilisés. Sur son nom et sur ce qui émanait du personnage « Ramtha », elle attribuait ainsi des attitudes à celles et ceux qui allaient écouter ou lire son message : « mûrs en Esprit » ou « jeu pour enfant » ? « courageux » ou « poule mouillée » ? « évolution » ou « rester enlisés »« création » ou « répétition » ? « manifestation » ou « limitation » ? Pour qui était sensible aux formules, la « vision intérieure », la « gloire humaine de Dieu », le « verbe vivant », la « force créatrice » et de nombreuses autres, confrontaient à un choix limité « d’apprendre ou d’avoir peur ».

Elle exaltait une disposition d’esprit et imbriquait le défi d’un éveil « spirituel » avec un appel à « survivre ». La thèse centrale suivait, correspondant à un second chapitre intitulé « Napoléon et la naissance des Hommes Gris ». Arbitrairement, JZK/Ramtha sautait de César à Napoléon pour tenter de démontrer un propos à partir de la période de la Révolution française. Ça introduisait en termes généraux les cycles d’une humanité d’après les guerres, la quête de pouvoir et de richesse. La leçon sur le ton du sermon accompagnait le fil d’un raisonnement pour développer une interprétation de l’histoire, soumettre des arguments, citer des dates, des noms, des anecdotes, prétendre révéler une psychologie expliquant des évènements : « Hommes Gris »« Rothschild »« Avidité ».

Les publications qui avaient mis en récit une trame similaire pour associer notamment Révolution française, Franc-maçonnerie, Illuminés de Bavière-Illuminati, Rothschild, conflits armés (particulièrement « Guerre Civile » américaine et guerres mondiales), communisme, « banquiers internationaux », crash boursier de 1929, « New Deal », monnaie fiduciaire, étalon-or, inflation, Réserve Fédérale, nazisme, sionisme, organisations de type Bilderberger – CFR – Commission Trilatérale, Rockefeller, « nouvel ordre mondial », République et Démocratie, politique et religion… étaient limitées et identifiables. Contemporains de JZK/Ramtha, les livres « Descent into slavery » avec Des Griffin en 1980, « Call it conspiracy » avec Larry Abraham et « The unseen hand » avec Ralph Epperson en 1985, contenaient ces ingrédients participant à actualiser un type de discours. Qu’ils aient servis de sources d’inspiration, ensemble, séparément ou depuis des ouvrages de transition, l’interprétation que proposait « La dernière valse des tyrans » en était une déclinaison.

Titres cités dans cette chronique. Clic sur miniature pour visualiser

  DES NOTES AVEC JZK/RAMTHA 

La « Nouvelle version » de « La dernière valse des tyrans – La prophétie » ajoutait également des notes en bas de page tandis qu’aucune ne figurait dans la transcription originale. Ces ajouts d’autres sources pouvaient relever d’un zèle pour conforter. Sinon, comment expliquer le choix de tel ou tel passage où s’était fait sentir un besoin de soutenir… Quoi.? Du côté d’une lecture : une interprétation, une compréhension, une fiabilité, une pertinence ? Du côté du personnage « Ramtha » : une expression, une conscience supérieure, une omniscience ?
Concernant l’attribution des expressions, JZ Knight prétendait ne pas se souvenir de ce que le personnage « Ramtha » déclarait. Qu’il ne soit pas donné de suite à l’affirmation ou qu’une note éditoriale fournisse une référence, voire brouille les pistes, n’empêchait pas d’en affiner l’inspiration. Ni trop évidentes ni trop éloignées du propos, les indications esquissaient un périmètre culturel.
Plusieurs notes* renvoyaient à Myron Coureval Fagan et à un texte « ILLUMINATI CFR » précisant que c’était un « reportage » avec « beaucoup de détails et de documentation » sur « le complot des Rothschild », les Illuminati, Adam Weishaupt, Albert Pike. Volontairement ou pas, ça engageait à accepter l’objet comme un élément probant tandis qu’il s’agissait notamment d’un plagiat. 

Lorsque JZK/Ramtha situait la fin d’une égalité entre les êtres humains au XIXème siècle avec un contrôle de l’Europe par Rothschild, la note leur attribuait un financement d’A.Weishaupt, d’Illuminati et de la Révolution française pour imposer un « gouvernement mondial unique ». Dans une partie où elle évoquait une réunion en 1857 pour planifier des guerres jusqu’à la seconde Guerre Mondiale, la note désignait un complot conçu avec un Albert Pike. Sur une aide logistique et un financement apportés à l’Allemagne d’Hitler, la note liait les noms Krupp, Warburg, Rothschild. Dans le discours « ILLUMINATI CFR », les passages pouvaient correspondre à ce qui suit, à comparer entre M.C. Fagan et W.G. Carr pour évaluer un contenu et le plagiat :


apos_deb faglp_cfr
Now let’s go back to the birth of the Illuminati. Adam Weishaupt was a jesuit trained professor of canon law, teaching in Ingolstadt University, when he defected from christianity to embrace the luciferian conspiracy. It was in 1770 that the professional money lenders, the then recently organized House of Rothschild, retained him to revise and modernize the age-old Protocols of Zionism, which from the outset, was designed to give the Synagogue of Satan, so named by Jesus Christ, ultimate world domination so they could impose the luciferian ideology upon what would remain of the human race after the final social cataclysm by use of satanic despotism.Weishaupt completed his task May 1, 1776. Now you know why May 1 is the great day with all communist nations to this very day. That was the day, May 1, 1776, that Weishaupt completed his plan and officially organized the Illuminati to put the plan into execution. That plan required the destruction of all existing governments and religions. That objective was to be reached by dividing the masses of people whom he, Weishaupt, termed « goyim », or « human cattle », into opposing camps in ever increasing numbers on political, social, economic, and other issues, the very conditions we have in our country today. The opposing sides were then to be armed and incidents provided which would cause them to fight and weaken themselves and gradually destroy national governments and religious institutions.

tipitgIn 1784 “An Act of God” placed the Bavarian government in possession of evidence which proved the existence of the continuing Luciferian Conspiracy. Adam Weishaupt, a jesuit trained professor of canon law, defected from christianity, and embraced the Luciferian ideology while teaching in Ingoldstadt University. In 1770 the money lenders (who had recently organized the House of Rothschild), retained him to revise and modernize the age-old ‘protocols’ designed to give the Synagogue of Satan ultimate world domination so they can impose the Luciferian ideology upon what remains of the Human Race, after the final social cataclysm, by use of satanic despotism. Weishaupt completed his task May 1st, 1776. The plan required the destruction of ALL existing governments and religions. This objective was to be reached by dividing the masses, whom he termed Goyim (meaning human cattle) into opposing camps in ever increasing numbers on political, racial, social, economic and other issues. The opposing sides were then to be armed and an ‘incident’ provided which would cause them to fight and weaken themselves as they destroyed National Governments and Religious Institutions.
[trad. de la version Carr] En 1784, « Une intervention Divine » mit le Gouvernement Bavarois en possession de preuves qui établissaient l’existence d’une Conspiration Luciférienne continue. Adam Weishaupt, un jésuite professeur de Droit Canon, abandonna le Christianisme et embrassa l’idéologie Luciférienne tandis qu’il enseignait à l’université d’Ingoldstadt. En 1770, les bailleurs de fonds (qui venaient de créer la Maison Rothschild), l’engagèrent pour revoir et moderniser les vieux « Protocoles » destinés à apporter à la Synagogue de Satan l’ultime domination mondiale de façon à ce qu’ils puissent imposer l’idéologie Luciférienne sur ce qui resterait de la Race Humaine, après le cataclysme social final, au moyen du despotisme Satanique. Weishaupt finit sa tâche le 1er Mai 1776. Le Plan prévoyait la destruction de TOUS les gouvernements et religions existants. Cet objectif devait être atteint en divisant les masses, qu’il appelait « goyim » (signifiant bétail humain) en camps opposés de façon exponentielle dans les domaines politique, racial, social, économiques et autres. Les camps opposés devaient alors être armés et un « incident » provoqué qui les amenait à se combattre et à s’affaiblir en même temps qu’ils détruiraient les Gouvernements Nationaux et les Institutions Religieuses.

[…]
faglp_cfrPike’s plan was as simple as it has proved effective. It called for Communism, Nazism, political Zionism, and other international movements be organized and used to foment three global world wars and at least two major revolutions. The first world war was to be fought so as to enable the Illuminati to destroy Czarism in Russia, as vowed by Rothschild after the Czar had torpedoed his scheme at the Congress in Vienna, and to transform Russia into a stronghold of atheistic communism. The differences stirred up by agents of the Illuminati between the British and German Empires were to be used to foment this war. After the war would be ended, communism was to be built up and used to destroy other governments and weaken religions. World War II, when and if necessary, was to be fomented by using the controversies between fascists and political zionists, and here let it be noted that Hitler was financed by Krupp, the Warburgs, the Rothschilds, and other internationalist bankers and that the slaughter of the supposed 600,000 Jews by Hitler didn’t bother the Jewish internationalist bankers at all. That slaughter was necessary in order to create worldwide hatred of the German people and thus bring about the war against them. In short, this second world war was to be fought to destroy nazism and to increase the power of political zionism so that the state of Israel could be established in Palestine. During this World War II, international communism was to be built up until it equalled in strength to that of united Christendom. When it reached that point, it was to be contained and kept in check until required for the final social cataclysm. As we know now, Roosevelt, Churchill, and Stalin put that exact policy into effect and Truman, Eisenhower, Kennedy, and Johnson continued that same exact policy. World War III is to be fomented by using the so-called controversies, the agents of the Illuminati operating under whatever new name, are now being stored up between the political Zionists and the leaders of the Moslem world. That war is to be directed in such a manner that all of Islam and political Zionism, Israel, will destroy each other while at the same time, the remaining nations once more divided on this issue will be forced to fight themselves into a state of complete exhaustion, physically, mentally, spiritually, and economically. Now, can any thinking person doubt that the intrigue now going on in the Near, Middle and Far-East is designed to accomplish that satanic objective?

tipitgPike’s plan was as simple as it has proved effective. He required that Communism, Naziism, Political Zionism, and other International movements be organized and used to foment the three global wars and three major revolutions. The first world war was to be fought so as to enable the Illuminati to overthrow the powers of the Tzars in Russia and turn that country into the stronghold of Atheistic-Communism. The differences stirred up by agentur of the Illuminati between the British and German Empires were to be used to foment this war. After the war ended, Communism was to be built up and used to destroy other governments and weaken religions. World War Two, was to be fomented by using the differences between Fascists and Political Zionists. This war was to be fought so that Naziism would be destroyed and the power of Political Zionism increased so that the sovereign state of Israel could be established in Palestine. During world war two International Communism was to be built up until it equalled in strength that of united Christendom. At this point it was to be contained and kept in check until required for the final social cataclysm. Can any informed person deny Roosevelt and Churchill did not put this policy into effect ? World War Three is to be fomented by using the differences the agentur of the Illuminati stir up between Political Zionists and the leaders of the Moslem world. The war is to be directed in such a manner that Islam (the Arab World including Mohammedanism) and Political Zionism (including the State of Israel) will destroy themselves while at the same time the remaining nations, once more divided against each other on this issue, will be forced to fight themselves into a state of complete exhaustion physically, mentally, spiritually and economically. Can any unbiased and reasoning person deny that the intrigue now going on in the Near, Middle, and Far East isn’t designed to accomplish this devilish purpose ?
[trad. de la version Carr] Le plan de Pike était aussi simple qu’il s’avéra efficace. Il impliquait que le Communisme, le Nazisme, le Sionisme Politique et autres mouvements Internationaux soient organisés et utilisés pour fomenter les trois guerres globales et les trois révolutions majeures. La Première Guerre Mondiale devait être menée pour permettre aux Illuminati de renverser les pouvoirs des Tsars en Russie et de transformer ce pays en forteresse du Communisme-Athée. Les différences stimulées par les agents des Illuminati entre les Empires Anglais et Allemand devaient être utilisées pour fomenter cette guerre. Après la guerre, le Communisme devait être érigé et utilisé pour détruire les autres gouvernements et pour fragiliser les religions. La Deuxième Guerre Mondiale devait être fomentée en utilisant les différences entre Fascistes et Sionistes Politiques. Cette guerre devait être menée de façon à ce que le Nazisme soit détruit et que le Sionisme Politique augmente de façon à ce que l’état souverain d’Israël puisse être établi en Palestine. Pendant la Deuxième Guerre Mondiale, le Communisme International devait parvenir à une force équivalente à celle de la Chrétienté unie. À ce stade, il devait être contenu et préservé avant d’être utilisé pour le cataclysme social final. Toute personne informée peut-elle nier que Roosevelt et Churchill ont mis cette politique en œuvre ? La Troisième Guerre Mondiale doit être fomentée par les différences stimulées par les agents des Illuminati entre le Sionisme Politique et les leaders du monde Musulman. La guerre doit être dirigée de manière à ce que l’Islam (le Monde Arabe incluant la religion de Mahomet) et le Sionisme Politique (incluant l’État d’Israël) se détruisent tandis que dans le même temps, les nations restantes, encore plus divisées sur ce sujet, seront forcées de se combattre dans un état de complet épuisement physique, mental, spirituel et économique. Toute personne impartiale et réfléchie peut-elle nier que l’intrigue arrivant au Proche, Moyen et Extrême-Orient est conçue pour accomplir de ce but diabolique ?

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faglp_cfrPike himself foretold all this in a statement he made to Mazzini on August 15, 1871. Pike stated that after World War III is ended, those who will aspire to undisputed world domination will provoke the greatest social cataclysm the world has ever known. Quoting his own words taken from the letter he wrote to Mazzini and which letter is now catalogued in the British Museum in London, England, he said:« We shall unleash the nihilists and the atheists and we shall provoke a great social cataclysm which in all its horror will show clearly to all nations the effect of absolute atheism, the origins of savagery and of most bloody turmoil. Then everywhere, the people forced to defend themselves against the world minority of the world revolutionaries and will exterminate those destroyers of civilization and the multitudes disillusioned with Christianity whose deistic spirits will be from that moment on without direction and leadership and anxious for an ideal, but without knowledge where to send its adoration, will receive the true light through the universal manifestation of the pure doctrine of Lucifer brought finally out into public view. A manifestation which will result from a general reactionary movement which will follow the destruction of Christianity and Atheism; both conquered and exterminated at the same time. »


tipitgOn August 15, 1871, Pike told Mazzini that after World War Three is ended, those who aspire to undisputed world domination will provoke the greatest social cataclysm the world has ever known. We quote his own written words (taken from the letter catalogued in the British Museum Library, London, Eng.) : “We shall unleash the Nihilists and Atheists, and we shall provoke a formidable social cataclysm which in all its horror will show clearly to the nations the effect of absolute atheism, origin of savagery and of the most bloody turmoil. Then everywhere, the citizens, obliged to defend themselves against the world minority of revolutionaries, will exterminate those destroyers of civilization, and the multitude, disillusioned with christianity, whose deistic spirits will be from that moment without compass (direction), anxious for an ideal, but without knowing where to render its adoration, will receive the true light through the universal manifestation of the pure doctrine of Lucifer brought finally out in the public view, a manifestation which will result from the general reactionary movement which will follow the destruction of christianity and atheism, both conquered and exterminated at the same time.
[trad. de la version Carr] Le 15 août 1871, Pike dit à Mazzini qu’à la fin de la Troisième Guerre Mondiale, ceux qui aspirent à une domination mondiale incontestée provoqueront le plus grand cataclysme social que le monde ait jamais connu. Nous citons ses propres écrits (issus d’une lettre cataloguée à la Bibliothèque du British Museum, Londres, Angleterre) : «Nous déchaînerons les Nihilistes et les Athées et nous provoquerons un formidable cataclysme social qui, dans toute son horreur, montrera bien aux nations l’effet de l’athéisme absolu, mère de la sauvagerie et du plus sanglant désordre. Alors partout, les citoyens, obligés de se défendre contre une minorité de révolutionnaires, extermineront ces destructeurs de civilisation, et la multitude, déçue du christianisme, dont l’âme déiste sera jusqu’à ce moment restée sans boussole (direction), anxieuse d’un idéal, mais sans savoir où diriger son adoration, recevra la véritable lumière par la manifestation universelle de la pure doctrine de Lucifer, rendue enfin publique, manifestation qui surgira du mouvement réactionnaire général, à la suite de la destruction du christianisme et de l’athéisme, tous deux conquis et exterminés dans le même temps.
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Note : Les extraits ci-dessus sont divisés et les similitudes mises en gras pour faciliter l’évaluation du plagiat du discours « ILLUMINATI CFR » avec M.C. Fagan sur la version « Pawn in the game » avec W.G. Carr.

 Accès à la chronique avec le texte complet, l’enregistrement « ILLUMINATI CFR »

M.C. Fagan avait quatre-vingt ans au moment de la diffusion du texte « ILLUMINATI CFR » en 1967. Aux États-Unis, son engagement politique datait de la fin des années 1940 contre le communisme en général, à dénoncer des acteurs juifs en particulier. L’année précédant le décès de W.G. Carr, « Pawns in the game » avait été réédité en intégrant avec plus d’insistance l’ingrédient « Illuminati » avec le postulat central d’un judaïsme conspirant contre le christianisme et orchestrant des révolutions. Les deux livres tardifs (avec « The Red fog over America ») attribués à l’ex-militaire de carrière canadien, proche des thèses du parti Crédit Social, plagiaient des passages entiers de ceux signés Emanuel M. Josephson (pour l’interprétation du sceau américain), John R. Elsom (pour la guerre de Sécession), Archibald H.M. Ramsay (pour la Révolution française) ; et des emprunts dont un faux texte fabriqué par E. Mullins. Outre le plagiat, le livre de JZK/Ramtha participait à la diffusion d’erreurs dont celles qui suivent :

« La dernière valse des tyrans-La prophétie-Nouvelle version » page 33 La note qui cite M.C. Fagan est inexacte : « La 2ème Guerre Mondiale, si elle était propice et nécessaire, fut donc fomentée en utilisant les controverses entre les partis politiques fascistes et zionistes. Notons aussi que Krupp, les Warburg, les Rothschild et d’autres banquiers internationaux financèrent Hitler. Le massacre des présumés six millions de juifs massacrés par Hitler n’a jamais causé le moindre remord aux banquiers internationaux juifs. » En fait, M.C. Fagan n’avait pas formulé « des présumés six millions de juifs massacrés » mais « des présumés six cent mille juifs ». Il avait repris la thèse selon laquelle le nombre de juifs tués dans les chambres à gaz était exagéré, voire un mythe inventé pour manipuler une opinion publique. Pour M.C. Fagan, l’argument dans un de ses tracts était d’ordre comptable, arguant que le nombre de 6 millions était incompatible avec une estimation de 600 000 juifs en Allemagne durant les années 1930-40. Plus contemporain de JZK/Ramtha, mettre en relation Wall Street et un financement d’A. Hitler avait notamment été l’objectif de « Wall Street and the rise of Hitler » (Antony C. Sutton en 1976) et de « The missing dimension in world affairs » (d’abord sous le pseudonyme provocateur « Michael J. Goy » en 1976, réédité avec le titre « Fourth Reich of the Rich » sous le nom Des Griffin).

« La dernière valse des tyrans-La prophétie-Nouvelle version » page 27 La note qui dirige l’attention sur Albert Pike ne fait pas la distinction entre la personnalité qui a existé et le personnage romancé par le français Léo Taxil dans un canular à la fin du XIXème siècle. Sur le contenu, JZK/Ramtha associait en discours ou en transcription sur quelques dizaines de lignes l’année « 1857 »« la dynastie Rothschild », des gens bien placés en Europe, une « réunion à Londres » pour « planifier » des guerres, dont la « Guerre civile » américaine entre Nord et Sud à partir d’une « manipulation » de la question de l’esclavage, l’assassinat du Président A. Lincoln… L’agencement est suffisamment précis pour identifier la thèse. Cette dernière résiste-t-elle à un simple examen ? Quelles sont les sources ? La nature et la fiabilité de l’information ? Les relais ?
Pour préparer son discours, JZK/Ramtha avait pu se servir du livre « The unseen hand » paru l’année précédente. Quelques publications avaient relayé une construction semblable : trois livres avec Eustace Mullins, le magazine « American Mercury » (n° de janv. 1958, p.97-98, article « Money made Mysterious » signé Paul Stevens), « Pawns in the game » (W.G. Carr, 1955), « Lightning over the treasury building » (J.R. Elsom, 1941), le journal « Social Justice » d’Edward Coughlin (n° du 12 fev. 1940, p.8), « Money creators » (Gertrude M. Coogan, 1935), « The secret world government or the Hidden hand » (Arthur Cherep-Spiridovich, 1926).
Avant de répéter son admiration pour A. Hitler, E. Mullins avait d’abord suivi les directions indiquées par l’écrivain Ezra Pound, tenté par le modèle de B. Mussolini en Italie et les théories économiques du britannique Clifford Hugh Douglas. Les écrits d’E. Coughlin et de W.G. Carr témoignaient, au moins, de sympathies pour les régimes de F. Franco en Espagne et de B. Mussolini. En exil, l’ancien militaire A. Cherep-Spiridovich avaient milité pour un rétablissement de la monarchie en Russie.

D’un mariage en carnet mondain à la fabrication du faux récit Disraeli-Rothschild et de quelques unes de ses déclinaisons. Clic sur miniature pour visualiser.
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Exemple parmi les nombreux plagiats dans « Pawns in the game » (W.G. Carr, 1955) à partir de « Lightening over the treasury » (J.R. Elsom, 1942), dont le faux récit Disraeli-Rothschild. Clic sur miniature pour visualiser.
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Pris comme repère par antériorité, « The secret world government or the Hidden hand » assemblait des centaines de bouts de citations pour avancer des affirmations. Pour celle qui concernait une réunion à Londres en 1857, la falsification partait du mariage véridique de Leonora et Alphonse Rothschild avec la présence de Benjamin Disraeli parmi les invités. La version Cherep-Spiridovich ajoutait à l’événement une conversation inventée pour mettre l’opprobre sur les personnalités Lionel Rothschild (alors député) et B. Disraeli (alors responsable du parti « Tory » – « conservateur » à la Chambre des Communes britannique). Pour paraître vraisemblable, un ouvrage historique de Robert MacKenzie et une biographie de John Reeves étaient même signalés. À vérifier ces derniers, rien dans « The 19th century » ne confirmait le récit, pas plus que dans les deux pages concernées dans « The Rothschilds : the financial rulers of nations » (Reeves) qui résumaient des articles de presse de type « carnet mondain » et reprenaient un toast pompeux à l’adresse des parents des mariés : « Under this roof are the heads of the name and family of Rothschild, a name famous in every capital in Europe and every division of the globe, a family not more regarded for its riches than esteemed for its honour, virtues, integrity, and public spirit. » [ trad : « Sous ce toit sont présents les chefs de famille Rothschildun nom célèbre dans chaque capitale en Europe et dans toutes les parties du globeune famille pas moins considérée pour ses richesses qu’appréciée pour son honnêteté, ses vertus, son intégrité et son esprit civique. »] La version de ce toast amputée et prolongée du dialogue fictif date au moins de 1926 et continue d’être déclinée jusqu’à nos jours de la répétition simple à la contorsion du genre « Peu importe si Disraeli prononça ces mots ou d’autres qui lui ont été attribués par d’autres historiens… Que ce soit à un banquet ou à une autre occasion n’a pas d’importance… » 

apos_debSous ce toit sont présents les chefs de famille Rothschild, un nom célèbre dans chaque capitale en Europe et dans toutes les parties du globe, une famille pas moins considérée pour ses richesses qu’appréciée pour son honnêteté, ses vertus, son intégrité et son esprit civique»
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Traduction d’après « The Rothschilds : the financial rulers of nations » signé John Reeves, éd. A.C. McClurg & Co, 1887, p.228. 
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apos_debEn 1857, au mariage de la fille de Lionel, Leonora, à son cousin Alphonse, fils de James de Paris, tous les Rothschilds se rassemblèrent à Londres. Le sinistre Juif, Disraeli, dit :
« Sous ce toit sont présents les chefs de famille Rothschildun nom célèbre dans chaque capitale en Europe et dans toutes les parties du globe » (Reeves, p.228).
   Oui ! Mais qu’est-ce qui ne pouvait manquer de se produire? Ce qui suit. Après le dîner, James Rothschild III, Lionel et Disraeli s’assirent ensemble et « conspirèrent ». James, toujours rude, ne pouvait manquer de se plaindre :
   « À propos du globe ?» Le Nouveau Monde n’est pas encore le nôtre. »
   Disraeli ne put résister sautant sur ses pieds et se vanta :
   « Si vous voulez, nous allons diviser les États-Unis en deux parties, une pour vous (James) et une pour vous (Lionel). Napoléon fera exactement, tout, ce que je lui conseillerai, et à Bismarck il sera suggéré un programme empoisonné qui fera de lui notre esclave abject ».
Les trois Juifs décidèrent alors et là de détruire et piller les États-Unis, comme nous le verrons.»

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Traduction d’après « The secret world government or the hidden hand » signé Cherep-Spiridovich, éd. Anti-Bolshevist Publishing Association, 1926, p.165. 
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apos_debEn tout état de cause, c’est à cette époque que les banquiers européens ont commencé à planifier la Guerre civile. « D’après John Reeves, dans une biographie autorisée « The Rothschilds, the Financial Rulers of Nations, une réunion charnière se tint à Londres, en 1857. C’est à cette réunion que le Syndicat Bancaire International a décidé que (en Amérique) le Nord devait être monté contre le Sud selon le vieux principe de ‘diviser pour conquérir’. Cet incroyable accord a été corroboré par MacKenzie dans sa recherche intitulée The Nineteenth Century.»
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Traduction d’après « The unseen hand. An introduction to the Conspirational View of History », signé A. Ralph Epperson éd. Publius Press, 1985, p. 152, chapitre 15 « The civil war ». Cf. textes originaux bas de page. 

 

  DE JZK/RAMTHA À FAGAN, CARR… TAXIL 

La fausse « lettre de Pike à Mazzini du 15 août 1871 » n’existait pas autrement que dans un vrai journal fantaisiste français mais les spéculations ont servi à divers auteurs depuis une note discrète de Nesta Webster dans « Secret societies » (1924, p.76) qui a pu inspirer Edith Starr Miller – Lady Queenborough dans « Occult theocrasy » (1933, chap. XXX) jusqu’aux publications de Des Griffin* et divers recyclages contemporains. Avec W.G. Carr, l’allusion figurait dans une publication sur abonnement intitulée « News behind the news » (1958) avant d’être insérée dans « Pawns in the game » (ed. révisée, 1958) et dans « Satan, prince of this world » (1966, Ed. Omni Publications, posthume). W.G. Carr signalait à tort que la lettre avait été physiquement présente au British Museum, à la différence de prédécesseurs qui ne la dissociaient pas du livre « Le diable au XIXème siècle ». Il présentait le Cardinal Jose Maria Caro Rodriguez avec le livre « El misterio de la masoneria » comme une source d’inspiration sur le thème d’une « conspiration luciférienne » menée par des « Illuminati ». Voir ci-après les passages signalés dans le support « News behind the news », numéros d’avril et de septembre 1958 :

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W.G. Carr cite comme source le cardinal chilien José Maria Caro Rodriguez avec un livre sur le thème de la Franc-maçonnerie « El misterio de la masoneria » (éd. 1951, révision de « Misterio! Descorriendo el velo » publié en 1924).

Le cardinal José Maria Caro Rodriguez cite lui comme source « The cause of world unrest » (1920, compilation d’articles du journal « The Morning post » de Londres paru en 1920, ed. Putnam’s Sons) pour évoquer une trace du texte de la lettre dans la publication « Le diable au XIXe siècle »Voir les passages soulignés où il y est fait référence écartant la question d’une authenticité pour privilégier une thèse :

« The cause of world unrest » était consacré au faux document « Les Protocoles des sages de Sion » sur la théorie d’un complot juif mondial. Un passage associait le texte de la fausse lettre à l’ouvrage « Le diable au XIX siècle » et signalait que le livre était accessible au British Museum de Londres. [Note : les mots et passages qui suivent en italique sont des extraits traduits des pages ci-dessus]. Tout en évoquant un « caractère extrêmement douteux de certains documents produits qui ont conduit à un discrédit », le texte s’attachait à la partie qui évoque « une lettre– ou lettre présumée – ». En la résumant et en citant le passage sur des « nihilistes et athées révolutionnaires », l’article soulignait « Maintenant, cette lettre date au moins de 1896 (si c’est un faux) ; si elle est authentique, elle date de 1871. Ça doit donc être considéré comme remarquable, que ce soit un faux ou un vrai document. Car elle prédit ce qui s’est passé en Russie, et revendique pour ses auteurs ce qu’ils s’apprêtaient à faire et qui est depuis arrivé. » Pour conclure sur le document, l’auteur écartait l’ensemble des invraisemblances en avançant que les « motifs » devenaient « intelligibles » dès lors que l’organisation d’A. Pike devait « comme c’est généralement supposé, être en grande partie d’origine juive ».

Pendant une dizaine d’années, le français Gabriel Jogand-Pagès avait fustigé et caricaturé le clergé sous le pseudonyme de Léo Taxil avant de changer de sujet mais pas de méthode vers 1885. C’était sa source de revenus et son inspiration. Avaient suivi plus de dix autres années et une succession de publications dans lesquelles il prenait cette fois pour cible la Franc-maçonnerie. Il entraîna ainsi un lectorat dans un feuilleton fantastique dont des membres du clergé en phase avec la Lettre Encyclique du pape Léon XIII désignant la Franc-maçonnerie comme ennemie travaillant à installer « le royaume de Satan ». Les récits s’inserraient dans des débats ; sur les religions, le spiritisme, l’occultisme, les organisations secrètes, les phénomènes « étranges ». Parmi eux, un récit central ; le feuilleton des révélations d’une Diana Vaughan, ancienne prêtresse d’une loge maçonnique dévouée à Lucifer dirigée par un Albert Pike aux États-Unis. Si le personnage de D. Vaughan était inventé, celui romancé d’A. Pike était composé et détourné à partir d’un franc-maçon notoire décédé, dépeint maître d’œuvre d’une entreprise pour ébranler la chrétienté, sous la plume de L. Taxil et de ses comparses.


Affiche apos_deb  « Dans les premiers jours du mois d’août 1871, c’est-à-dire moins d’un an après la constitution du Palladisme (rite suprême), le « docte pontife luciférien », Albert Pike reçut de Mazzini une importante lettre. Le chef d’action politique de la franc-maçonnerie universelle invitait le chef suprême et dogmatique de la secte à tracer un plan de campagne précis en vue de la destruction du catholicisme romain.
« L’unité de l’Italie, disait-il, n’a jamais été considérée par nous comme un but, mais comme un moyen. »
Albert Pike réunit ses dix conseillers des heures solennelles, les membres du Sérénissime Grand Collège des Maçons Emérites, et soumit à leur examen la question posée par le très illustre frère Giuseppe Mazzini. De cette réunion des onze plus hautes lumières de la secte infernale, de ce conciliabule diabolique qui dura sept jours (du 9 au 15 août), sortit, mûrement délibéré, et inspiré sans aucun doute par Satan en personne, le document suivant (traduit du texte original, qui est en latin):
« Le Sérénissime Grand Collège des Maçons Emérites, réuni sous la présidence du Très illustre, Très Puissant et Très Divinement Eclairé Frère LIMMUD-ENSOPH (1), Grand-Maître Conservateur du Palladium Sacré, Souverain Pontife de la Franc-maçonnerie Universelle, a reçu avec respect la Noble et Digne Voûte émanant du Très illustre, Très Puissant et Très Eclairé Frère EMOUNAH-SHEMED, Chef d’Action Politique et Grand Dictateur Président du Souverain Directoire Exécutif, datée du premier jour de la Lune Ab, dix-huitième jour du cinquième mois de l’an de la Vraie Lumière 000871, et, sous l’œil du Tout-Puissant Divin Maître EXCELSUS EXCELSIOR, l’a prise en considération, a examiné les questions d’intérêt suprême qui y sont exposées, puis, après délibération, a fixé les conditions légitimes qui de ce jour auront force de loi.
« Rihab Sabba, Ahta Ahtnanoc Malog Hcsorem, Lucifer. Alléluia !
« La destruction du mauvais catholicisme, ne pouvant être opérée d’un seul coup, et l’édification du bon catholicisme, demandant également de long travaux, sont deux œuvres parallèles, auxquelles il faut s’employer en même temps, de telle sorte que, lorsque le temple d’Adonaï, miné de toutes parts, sera prêt à s’effondrer à jamais dans sa ruine totale, la même impulsion qui l’anéantira découvre, aux yeux de l’humanité dûment préparée, le temple, jusque-là caché, de notre Divin Maître.
« Lucifer Dieu-Roi verra alors le monde entier se consacrer à lui et l’adorer ; sa religion sera dès lors vraiment catholique.
« Le titre de catholique n’appartient pas, en effet, ne saurait appartenir à la superstition romaine. Il est certain, par révélation, que son nombre d’apogée n’atteindra jamais le quart de la population du globe ; cela est écrit dans le livre des cieux. D’autre part, la religion d’Adonaï a eu son maximum de domination, et il est visible qu’elle est en décroissance.
« Il nous est nécessaire d’envisager la situation religieuse de l’humanité, si nous voulons agir sûrement dans l’œuvre double de destruction du temple d’Adonaï et l’édification du temple de Lucifer. Ce coup d’œil préliminaire nous donnera courage et bon espoir dans la réalisation des promesses divines ; car il nous montrera que l’avenir est à nous, et que le titre de catholiques est réservé à nous seuls.
« Un milliard quatre cent millions d’habitants, telle est la population du globe terrestre. Sur ce nombre, le catholicisme romain compte seulement deux cent dix millions d’adeptes.
« Toutefois, nous devons classer les adeptes des religions par groupes.
« Le groupe chrétien est à subdiviser ainsi : catholiques romains, deux cent dix millions ; protestants, cent vingt millions ; orthodoxes, que le pape de la superstition appelle schismatiques, quatre-vingt millions.
« Le groupe indien est à subdiviser ainsi : bouddhistes, quatre cent vingt millions ; brahmanistes, cent soixante millions.
« Il faut placer les mahométans, deux cents millions.
« Observons que la vérité est connue des prêtres du védisme (groupe indien), et que les mahométans, sans avoir encore la vérité, ont grand nombre de leurs prêtres inspirés par elle.
« Deux cent trente-trois millions d’idolâtres, fétichistes ou adorateurs de diverses idoles, sont appelés à disparaître avec la civilisation, non comme individus, mais comme religionnaires. Les missionnaires du catholicisme romain les veulent conquérir ; or, le catholicisme romain aura lui-même disparu avant que cette conquête ait été accomplie fractionnellement d’une façon sérieuse.
« La religion israélite compte sept millions d’adeptes ; ce petit groupe n’a pas de tendance à se laisser entamer par le catholicisme romain ; il nous est promis par la révélation.
« Enfin les statisticiens estiment à vingt-huit millions les libres-penseurs déistes répandus sur la surface du globe, et les athées à deux millions. Les uns et les autres sont surtout des déserteurs du groupe chrétien.
« Or, il ne convient pas de considérer tout l’ensemble du groupe chrétien comme éloigné de la vraie lumière au même degré. Le protestantisme, dans ses multiples fractions, sauf une minorité infime, est composé d’adeptes qui raisonnent, cherchent constamment la vérité, et, par conséquent, la trouveront ; c’est d’eux que nous viennent les plus fidèles du Dieu-Bon. Tout au contraire, les orthodoxes ou schismatiques sont la proie promise au Dieu-Mauvais, ainsi qu’il est écrit dans le livre des cieux. Mais, quand les orthodoxes se seront réunis au catholicisme romain, celui-ci ne comptera pas trois cent millions d’adeptes.
« La conversion des protestants au Temple de la Vraie Lumière sera graduelle, dit la révélation; celle des mahométans sera déterminée entière et inopinée par un grand événement qui se produira sous le sixième souverain pontificat du bon catholicisme. De cela, il résulte que trois cent vingt millions d’âmes seront éclairées, loin d’être vouées, un jour quelconque, aux ténèbres de la superstition maudite.
« Selon la révélation, le catholicisme romain ira donc toujours en décroissance, soit par les conquêtes d’âmes que nous ferons sur lui, soit par les désertions qui augmenteront le nombre de libres-penseurs déistes, et nous savons que ceux-ci sont en état de transition et nous sont finalement promis.
« D’autre part, nous n’avons pas à nous préoccuper de l’état de transition du groupe indien ; car ses prêtres sont d’ores et déjà dans la vraie lumière.
« C’est pourquoi, à l’heure marquée dans le livre des cieux, c’est-à-dire quand le catholicisme romain aura atteint son dernier maximum d’adeptes par la réunion des orthodoxes ou schismatiques, il trouvera en face de lui plus d’un milliard de catholiques lucifériens.
« La question se résume, en conséquence, à ceci : il faut que nous soyons prêts, lorsque nous nous trouverons être un milliard et plus, faisant enfin flotter haut nos étendards, à produire l’explosion qui fera sauter le Temple d’Adonaï ; alors, en d’autres termes, la superstition devra être tellement impuissante et ruinée, que ses adeptes viendront d’eux-mêmes se fondre dans nos rangs, – et les miracles éclatants qui ouvriront leurs yeux nous sont promis, – et que, s’il reste à ce moment encore quelques prêtres obstinés à vouloir prêcher le Dieu-Mauvais, leur extermination s’exécutera sans aucune difficulté.
« Comment donc tout doit-il être dirigé pour que nous parvenions graduellement et paisiblement à cette échéance inéluctable?
« La tactique est variable, selon que nous manœuvrerons en pays où domine l’élément catholique romain ou bien en pays ou domine l’élément protestant, pour parler ici du groupe chrétien.
« L’œuvre principale est celle qui a pour but de transformer les catholiques romains en libres-penseurs déistes. Nous devons nous y appliquer de toutes nos forces ; car ce sera là la transition du plus grand nombre. L’expérience a démontré que peu nombreuses sont les âmes privilégiées qui s’arrachent d’un seul bon à l’abîme de l’obscurantisme pour prendre leur vol hardi dans l’éther des divines et vivifiantes lumières.
« Pour cela, il faut conquérir les sièges du gouvernement de ces peuples ; tout est là. Soit dans les républiques, soit dans les états monarchiques, nous devons faire promulguer des lois, annihilant partout l’influence des prêtres de la superstition et de leurs auxiliaires, les moines qui se mêlent au peuple et les nonnes qui entretiennent les âmes dans l’erreur, en se couvrant du manteau d’une trompeuse bienfaisance. Il faudra, d’une part, au moyen de la presse dont nous inspirons les écrivains, montrer combien est avilissante pour la dignité humaine l’aumône des mauvais catholiques, et cela en faisant ressortir que l’individu a droit au bien-être par des réformes sociales et non par des secours d’une routinière charité, et, d’autre part, au moyen des parlements législateurs ou n’importe comment, disperser les congrégations impopulaires, ruiner adroitement celles que des préjugés profanes obligent à ménager encore, en un mot, faire disparaître d’abord tout ce qui est moine ou nonne.
« Dans l’ordre intellectuel, spécialement, il faut obtenir des pouvoirs publics la neutralité de l’école, afin que le prêtre ni aucun de ses auxiliaires n’y pénètrent plus désormais ; ensuite, on arrivera à détourner les parents de la pensée, qu’ils pourraient avoir dans les premiers temps de la neutralisation, de faire donner à leurs enfants l’enseignement catholique romain en dehors de l’école neutralisée. En effet, empêcher que les nouvelles générations aient l’intelligence oblitérée par le mensonge des mauvais dogmes est un point capital. Mais il faudra, en même temps, prendre des mesures sérieuses pour que l’enseignement officiel reste neutre et ne tombe pas dans l’athéisme ; la neutralité nous suffit, c’est à dire l’étouffement de toute tendance à insinuer dans les jeunes cerveaux les faux dogmes adonaïtes. Il existe, en effet, en l’âme humaine un sentiment inné qui pousse l’individu vers un idéal divin, qui lui fait comprendre instinctivement l’existence d’un être suprême, surnaturel facteur, organisateur et moteur de l’univers. Ce sentiment, en le laissant librement s’épanouir, c’est à dire sans le diriger criminellement vers la superstition, religion du Dieu-Mauvais, flottera d’abord dans la demi-lumière d’un déisme vague, mais non contaminé par le souffle empesté du catholicisme romain ; puis quand l’heure sera venue ou le Dieu-Bon se montrera, seul vraiment digne des adorations de l’humanité, c’est à lui qu’iront toutes les aspirations indécises des enfants devenus hommes ; et ainsi, en éloignant d’Adonaï l’enfance et l’adolescence, nous vouerons à Lucifer, par le seul fait du penchant de la nature, la maturité des nouvelles générations. Il est donc de nécessité absolue que l’instituteur nettement athée soit éliminé de l’école, s’il s’y introduisait après que nous en aurons chassé le prêtre adonaïte, et que les livres d’instruction, mis entre les mains des enfants, tout en étant expurgés des dogmes menteurs du catholicisme romain, posent en principe, mais sans définition précise, l’existence d’un être suprême.
« Pendant que les nouvelles générations seront ainsi formées, il faudra combattre l’adonaïsme dans les esprits, par toutes sortes de publications démontrant combien est à la fois monstrueuse et ridicule l’idée de la divinité, telle que les prêtres de la superstition la représentent. Dans cette lutte, on ne devra pas négliger le pamphlet, la satire, la moquerie, qui frappent les masses bien mieux que les dissertations savantes. N’oublions jamais le bien que Voltaire a fait à notre cause, en couvrant de ridicule le catholicisme romain. Mais ce n’est pas pour le plaisir de plaisanter et de rire qu’il convient d’adopter cette excellente tactique : en discréditant les dogmes mensongers et le culte adonaïtos, nous discréditerons les ministres de cette religion détestable; nous arriverons peu à peu à faire déserter ses églises. En effet, nous ne devons pas compter uniquement sur le résultat des lois obtenues ; car, lorsque nous serons parvenus à faire priver totalement le clergé catholique romain des subventions octroyées par les Etats, il obtiendra des compensations pécuniaires par les sommes qu’il soutirera directement aux fanatiques demeurant dans une crédulité incurable. Or, on ne diminuera le nombre de ces malheureux exploités, qu’en discréditant toutes les institutions du catholicisme romain ; il faut que les individus ayant le moindre bon sens en arrivent à se considérer eux-mêmes comme ridicules chaque fois qu’ils auraient la faiblesse de recourir aux sacrements de la superstition ; de la sorte, par crainte des railleries, ils se déshabitueront d’entretenir les prêtres imposteurs. Il sera bon de donner alors toute latitude aux charlatans de la pire espèce, à la lie des faux devins, dont le vil métier est une escroquerie évidente; la presse inspirée par nous établira des comparaisons entre ceux-ci et les ministres d’Adonaï, et les confondra dans la même moquerie et la même réprobation.
« D’autre part, par tous les moyens législatifs ou autres, on restreindra le recrutement du sacerdoce catholique romain. On accomplira une œuvre salutaire en donnant aux jeunes prêtres la connaissance réelle de la vie sociale, que leur montrent sous de faux aspects. Il sera nécessaire d’avoir des femmes sûres, qui se dévoueront à les initier aux bienfaits du Dieu-Bon. Les résultats à obtenir seront fructueux; car il se produira de deux choses l’une : ou le prêtre adonaïte, une fois qu’il aura goûté aux joies suaves que la barbarie papale lui interdit, se retirera du clergé et sera alors la démonstration publique de ce que la nature condamne le célibat systématique et absolu; ou bien, il demeurera dans la caste sacerdotale, et alors il sera bientôt à nous secrètement, non comme allié, mais comme tout à fait nôtre, et il nous rendra les plus précieux services pour miner le temple d’Adonaï.
« De n’importe quelle façon et en toute circonstances, il faut le vide autour du prêtre catholique romain, et il faut encore que ce clergé, devenant de plus en plus méprisé, honni, conspué, soit diminué en nombre, sans s’arrêter à aucune considération pour obtenir ce résultat. D’une part, on multipliera les sociétés de plaisirs citadins ou champêtres, les cercles, les fêtes non religieuses, etc.; d’autre part, on préconisera hardiment et partout, comme on le ferait pour une doctrine, ce mot d’ordre anticatholique-romain :
« Pas de prêtres à la naissance ! pas de prêtre au mariage ! pas de prêtre à la mort !  » et l’on favorisera la création de toute association de solidaires établie avec ce programme. Enfin, on signalera, à grand bruit, comme un scandale, tout fait dont un prêtre adonaïte sera l’auteur et qui sera de nature à discréditer la corporation sacerdotale; que s’il s’agit cependant d’un fait non mauvais par lui-même, mais seulement en contradiction avec la cruelle loi de chasteté prétentieusement revendiquée par le papisme, voulant faire croire que son clergé est au dessus de la nature, dans ce cas, il conviendra de n’ébruiter la chose que si l’auteur de l’infraction aux règlements ecclésiastiques n’est pas jugé capable de devenir notre agent secret.
« Voilà la marche à suivre, pour l’ensemble de tous les pays du groupe chrétien.
« En particulier, nous devons arrêter un moment nos regards sur l’Italie. Là, la Franc-maçonnerie, tout en suivant à la lettre la ligne de conduite que nous venons de tracer, aura le devoir, en outre, de travailler, avec la plus grande activité et sans jamais se lasser, à l’abrogation de la loi qui vient être votée il y a trois mois et sur laquelle le Chef d’Action Politique (1) a appelé notre attention. On commencera par attaquer à outrance le système des deux souverainetés dans un même pays, dans la même capitale ; on fera ressortir l’inconvénient résultant d’un double corps diplomatique, dont la moitié sera accréditée auprès d’un italien tiaré en état de conspiration permanente contre sa propre patrie. Cette campagne de la maçonnerie italienne devra être secondée par la maçonnerie des pays ayant un ambassadeur auprès du pontife de la superstition romaine ; on déposera des motions pour la suppression de ces ambassades; on insistera sur ce point, que le fait de l’existence des ambassades auprès dudit pontife dépend uniquement de la magnanimité de l’Italie qui a bien voulu reconnaître à un chef de la secte, désormais sans territoire, le caractère et les prérogatives du souverain. Ensuite, on attaquera l’inviolabilité si imprudemment octroyée aux congrégations ecclésiastiques formant la haute administration spirituelle du siège suprême de la superstition romaine. On suscitera des conflits entre l’autorité politique nationale et n’importe quels chefs relevant de l’autorité pontificale. On ne négligera aucune occasion d’exciter le peuple contre la personne même de l’occupant de ce siège maudit, afin que, s’il venait à sortir de son Vatican, il y ait des troubles. Il faudra habituer l’opinion publique italienne à considérer comme un embarras dangereux la présence du pape dans le pays.
« Lorsque l’opinion publique sera mûre pour accepter l’expulsion du pape votée par un parlement à majorité maçonnique, il conviendra qu’un des nôtres dépose un projet de loi dans le sens que voici:
« Art. 1 – L’Italie ne reconnaît aucune religion d’Etat.
« Art. 2 – L’Eglise chrétienne, précédemment dite catholique, pour continuer à avoir le droit au libre exercice de son culte, devra être exclusivement italienne en Italie.
« Art. 3 – Ses évêques sont autorisés à se réunir en conseil général national et à nommer l’un d’entre eux Patriarche pour la Péninsule, la Sardaigne et la Sicile.
« Art. 4 – Le pape actuel est éligible à cette dignité, à la condition qu’il renoncera à toute direction supérieure chrétienne autre que celle de l’Eglise d’Italie.
« Art. 5 – Le Patriarche chrétien d’Italie n’ayant aucunement le caractère de souverain, nul ambassadeur étranger ne peut être accrédité auprès de lui.
« Art. 6 – Le Sacré-Collège des cardinaux cesse d’exister, ainsi que les Congrégations dites du Saint-Office, du Concile, de la Propagande, des Rites, de l’Index, des Indulgences, et, en un mot, tout comité supérieur ecclésiastique fonctionnant en vue d’une administration universelle soit spirituelle soit financière.
« Art. 7 – Les titres de Cardinal et d’Archevêques sont abolis ; tous les Évêques sont sur le même pied vis-à-vis du pouvoir civil, à l’exception du Patriarche, qui est le premier évêque italien et qui, dans les cérémonies officielles de l’Etat, prendra place entre les présidents de Cours de Cassation et le président de la Cour des Comptes.
« Art. 8 – Chaque évêque administre son diocèse sous le contrôle de l’Etat ; les Évêques n’ont à se référer au Patriarche qu’en ce qui concerne les questions d’ordre purement spirituel ou liturgique.
« Art. 9 – Tout acte du Patriarche, qui sera commis en violation de la présente loi, entraînera sa destitution immédiate et son bannissement.
« Art. 10 – Tout évêque, qui sera reconnu complice du Patriarche violateur de la loi, encourra la peine de l’emprisonnement en forteresse, cinq ans à dix ans, et sera, en outre, dégradé en présence du peuple assemblé sur la place publique ou parvis de la cathédrale de son diocèse.
« Art. 11 – Une Commission Centrale des Cultes, composée d’autant de membres laïques qu’il existe de diocèse, et dont les membres seront nommés par le Parlement, centralisera tous les rapports des autorités civiles sur les actes d’administration ou autres relatifs aux diocèses et formera un conseil supérieur permanent chargé de trancher tous les différents entre les Évêques et leurs subordonnés ecclésiastiques, à l’exception des questions d’ordre purement spirituel ou liturgique restant soumises à la seule juridiction suprême du Patriarche.
« Art. 12 – Les Curés seront élus par les fidèles, votant au scrutin secret, et demeurant attachés inamoviblement à leur paroisse ; les Curés actuels, déclarés éligibles par la présente loi, mais non imposés aux fidèles, seront soumis, dans les six mois à dater de ce jour, à la confirmation de leur fonction et titre par le libre suffrage de leurs paroissiens.
« Art. 13 – Les Évêques seront nommés par le patriarche sur la présentation du gouvernement choisissant trois candidats ; néanmoins, les Évêques actuels, qui accepteront le présent règlement de la question religieuse, resteront en fonctions ; tout évêque non acceptant redeviendra simple prêtre, sera pourvu d’un vicariat de paroisse rurale par son successeur à la direction du diocèse, et restera à jamais inéligible à une Cure.
« En même temps que ce projet de loi sera déposé à la Chambre des députés d’Italie, une copie, qui en aura été envoyée au préalable, dans tous les pays infectés de catholicisme romain, aux journaux rédigés par les nôtres, sera aussitôt publiée partout, avec de vifs éloges. Un concert d’articles célébrera la sagesse des libéraux italiens, en leur attribuant le mérite d’avoir trouvé une si bonne solution de la question religieuse. On s’appliquera à mettre en lumière l’absurdité de la situation existant jusqu’alors : combien il est mauvais pour l’Italie d’avoir un de ses citoyens conspirant contre la patrie, en tant que chef irréductible d’une religion se prétendant universelle et faisant profession de se placer au-dessus des autorités légitimes du pays ; et combien il est mauvais pour les autres nations d’avoir chacune un véritable Etat organisé dans l’Etat, avec tout un personnel de prêtres, en réalité fonctionnaires dépendant d’un souverain étranger. Les journaux inviteront les députés progressistes de leur pays à présenter promptement un projet de loi semblable, affranchissant du joug extérieur le clergé national de ce culte dit catholique, et le constituant en sacerdoce libre d’une religion dont les fidèles n’auront, avec ceux pratiquant le même culte en une autre contrée, rien de commun que la croyance. Une grande agitation sera ainsi créée dans les divers pays ou les adeptes du catholicisme romain sont en nombre, et, par les moyens légaux, au moyen d’une entente générale émanant de la Franc-maçonnerie, on procédera à un morcellement de la religion malfaisante.
« Ces évènements ne s’accompliront ni dans vingt ans ni dans trente ans. On les provoquera lorsque le catholicisme romain sera déjà tout à fait discrédité, lorsque les vieilles femmes et quelques fous incurables seront seuls à former sa clientèle de partisans, et lorsqu’une notable partie de son clergé nous sera secrètement acquise.
« Quand se produiront les circonstances favorables, si tel ou tel pays ayant été mieux travaillé que d’autres, a déjà supprimé totalement le budget des cultes et réduit les prêtres de la superstition aux offrandes des fidèles, rendues de plus en plus restreintes par des obstacles légaux, dans ce cas, il sera utile, dans ce ou ces pays, de rétablir les subventions de l’Etat aux membres des divers clergés et même de se montrer généreux envers les prêtres de l’adonaïsme qui accepteront la nouvelle situation. On proclamera bien haut que l’Etat, voulant protéger la religion dès l’instant qu’elle n’est plus un prétexte de complots avec étranger, dote magnifiquement le corps sacerdotal. Rien ne devra être négligé pour assurer le morcellement de la religion d’Adonaï et lui enlever son caractère d’internationalité. C’est là, en effet, ce qui permettra, un peu plus tard, de l’extirper complètement et d’une façon définitive.
« On ne saurait donc trop agir en vue d’amener un jour ce résultat si important, sans se laisser décourager jamais par les difficultés de l’entreprise.
« Au surplus, nous devons nourrir dans nos cœurs non seulement l’espoir, mais même la certitude, que l’accomplissement du morcellement de l’adonaïsme n’est pas une chimère ; car cela nous est promis par la révélation, au livre intitulé « De la Rédemption », dans l’APADNO.
« Il est dit que le Pape de la superstition, siégeant à Rome à l’époque du morcellement, refusera d’acquiescer à la nouvelle situation de son Eglise, et qu’il lancera ses foudres, désormais impuissantes, contre les gouvernements participant à cette grande œuvre de salut social. Alors, il sera abandonné par une multitude de ses prêtres dans les divers pays, attendu que beaucoup auront été gagnés d’avance à nous ; l’Italie l’expulsera, et la Papauté maudite sera errante et obligée de rentrer quelque temps dans les ténèbres; car les gouvernements porteront des peines sévères contre ceux qui lui maintiendraient leur adhésion et qui conspireraient ainsi avec elle.
« Mais il est écrit aussi que le Pape-Errant, pasteur d’un troupeau dispersé, pilote de la barque désemparée de Céphas, et sixième successeur de l’homme d’orgueil sous qui s’est écroulé le pouvoir temporel du pontificat infâme, sera recueilli, après expulsions sur expulsions, par l’autocrate slave, qui affectera de lui rendre de grands honneurs. L’adonaïsme tentera alors de se reconstituer comme avant l’expulsion de Rome; le Pape-Errant étant près de mourir en Russie, l’autocrate impérial se prosternera à ses pieds, et les nations pratiquant jusque-là l’orthodoxie, c’est à dire la religion schismatique d’Orient, se rallieront assez rapidement à l’ancien catholicisme romain, vomi d’Italie. Le Pape-errant, à son lit de mort, sera joyeux de voir ces nouveaux adeptes remplacer les occidentaux récemment séparés de son Eglise, et, au sein des nations qui auront opéré le morcellement de l’adonaïsme, il aura encore des fidèles, ceux-ci se cachant pour se livrer aux pratiques de la superstition réprouvée; avant d’expirer, il aura maintenu l’épiscopat aux évêques du schisme d’Orient, et il aura institué, parmi eux, des cardinaux grecs et russes. Son successeur sera un slave; le siège de la Papauté adonaïte sera établi dans la ville septentrionale de Pierre, sous la réserve de reconquérir Rome. Mais ce sera en vain que l’autocrate impérial, dans l’espoir d’étendre sa domination, se fera le croisé de l’adonaïsme; ses efforts n’aboutiront point, et l’Eglise naguère romaine demeurera morcelée dans les nations de l’Occident européen. Ainsi, la Russie sera le dernier refuge et le dernier rempart de l’adonaïsme se prétendant catholique.
« Chez les peuples occidentaux, dès que le nouveau régime religieux sera légalisé, il faudra supprimer radicalement ces propagandistes dangereux qui s’intitulent missionnaires et vont chez nos frères d’Asie, ainsi que chez les idolâtres d’Afrique et d’Océanie dont la conversion doit être notre œuvre, porter le mensonge de leurs prédications empoisonnées. Les gouvernements interdiront, sous les peines les plus sévères, ces émigrations détestables, qui sont de nature à créer d’incessants conflits avec les nations asiatiques, dont la foi, devenue alors parfaitement éclairée par les efforts des sages prêtres thibétains unis à notre maçonnerie auxiliaire des Indes et de la Chine, devra être respectée. Et, sans attendre l’époque éloignée de ces événements, tout maçon a, dès à présent, le devoir de combattre, par la plume et la parole, les missionnaires dits catholiques et de souffler dans le monde profane le mépris d’eux et une haine inextinguible. Ces missionnaires sont nos plus mortels ennemis. Quiconque, franc-maçon, ne les combattra pas, sera tenu pour traître; quiconque s’associera à leur action néfaste ou seulement l’appuiera par un éloge public sera frappé de mort.
« Enfin, il sera bon d’entretenir, dans les basses classes de toute nation, le ferment des idées révolutionnaires, même celles des socialistes les plus portés aux extrémités violentes. L’athéisme étant mauvais par lui-même et détournant de son vrai but toute œuvre de rénovation humanitaire antichrétienne, il nous faut le canaliser et le mêler aux doctrines sociales les plus exagérées, qui sont destinées à l’insuccès final, ne pouvant qu’occasionner un bouleversement momentané, immédiatement suivi d’une énergique réaction. Or d’une part, nous discréditerons au dernier degré la théorie superstitieuse de la divinité, de telle façon que les peuples encore imprégnés d’adonaïsme s’en détacheront peu à peu et finiront par n’y plus croire aucunement, et les derniers prêtres de l’adonaïsme morcelé, émietté, seront tout à fait acquis à nous dans les temps du nouveau régime religieux, lequel sera un état de transition, comme le déisme libre-penseur; d’autre part, nous nous garderons bien d’arracher de la multitude la croyance au surnaturel divin, mais nous nous bornerons à proclamer en toute occasion l’existence d’un être suprême, sans faire connaître publiquement encore nos saintes traditions et nos révélations mystiques. Ainsi le veut le Dieu-Bon.
« C’est pourquoi, lorsque l’empire autocratique de Russie sera devenu la citadelle de l’adonaïsme papiste, nous déchaînerons les révolutionnaires nihilistes et athées, et nous provoquerons un formidable cataclysme social, qui montrera bien aux nations, et dans toute son horreur, l’effet de l’incroyance absolue, mère de la sauvagerie et du plus sanglant désordre. Alors, partout, les citoyens, obligés de se défendre contre la minorité folle des révoltés, extermineront ces destructeurs de la civilisation ; et les innombrables désabusés de l’adonaïsme, dont l’âme déiste sera jusqu’à ce moment restée sans boussole, ayant soif d’idéal, mais ne sachant à quel dieu décerner leurs hommages, recevront la Vraie Lumière, par la manifestation universelle de la pure doctrine luciférienne, rendue enfin publique, manifestation qui surgira du mouvement général de réaction, à la suite de l’écrasement de l’athéisme et de l’adonaïsme, tous deux vers le même temps vaincus et exterminés.
« L’enfantement de la religion de Lucifer Dieu-Bon, s’établissant à jamais sans rivale sur le globe terrestre, ne saurait être une opération instantanée, ni d’un an, ni d’un lustre, ni d’un siècle. L’œuvre durable est celle qui se crée par progression lente. Le XIXème siècle a vu la conception du vrai et bon catholicisme; le XXème siècle sera le siècle de la gestation, pour amener sûrement la parturition à son terme fixé dans le livre des cieux (29 septembre 1996 de l’ère chrétienne alors finie).
« Ecrit et donné en Solennelle Voûte, et signé, aux pieds du Palladium Sacré, par le Souverain Pontife de la Franc-maçonnerie Universelle et par les dix Anciens composant le Grand Collège des Maçons Emérites, au Suprême Orient de Charleston, en la Vallée chérie du Divin Maître, le 29e et dernier jour de la Lune Ab de l’an 000871 de la Vraie Lumière (15 août 1871, ère vulgaire). Tel est le plan secret, qui, formule et résume la tactique et les espérances de la secte. N’y a-t-il pas lieu de prononcer, pour conclure, la mystérieuse réponse du mot sacré des chevaliers Kadosch?
« Pharasch-Chol. » Tout est expliqué. »
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Dans « Le Diable au XIXème siècle » par le Docteur BATAILLE, Tome 2, ed. Delhomme et Briguet, 1892-1894, pages 594-606

taxfrondL’imagination de Léo Taxil avait animé des distractions et rencontré des obsessions. . Les histoires extravagantes et fantaisistes intégraient des détails documentés si bien que les attentions d’un pape Léon XIII, d’un Monseigneur Fava, d’un Monseigneur Meurin participèrent involontairement à un succès littéraire.

L’imposture de L. Taxil avait atteint son paroxysme en 1896 lors d’un « Congrés antimaçonnique de Trente » où la question de l’existence de Diana Vaughan avait cristallisé l’attention des participants. Acculé, lâché par un collaborateur proche, Léo Taxil avait convoqué la presse le 19 avril 1897 pour fournir une version du canular.

Transcription en quatre parties dans la revue « Le Réveil » (Montréal-Juillet 1897, du numéro 144 au 147) du discours d’aveu de sa forfaiture prononcé par Léo Taxil à la Société de Géographie le 19 avril 1897. Paru à l’origine dans le « LE FRONDEUR » (25 avril 1897). Clic sur miniature pour visualiser

 

  DES COMBINAISONS 

Pour sa première représentation en Australie en novembre 1987, JZK/Ramtha avait donc répété un discours liant les thèmes d’effondrement financier, de cataclysmes, de rapport femme/homme, d’extra-terrestres, de survie. Elle y avait également ajouté quelques adaptations à l’assemblée avec un satisfecit sur la politique monétaire de la Nouvelle-Zélande voisine pour évoquer une indépendance vis-à-vis d’ « hommes gris ». Elle avait également salué l’abandon en Australie d’un projet de carte d’identité, qu’elle avait associé par extension à la carte bancaire, à une « marque de la bête », à un « super ordinateur », à une disparition de la monnaie, à des interprétations depuis le texte « Apocalypse » (« Révélation »).

Titres ayant en commun de lier une actualité et le texte « Apocalypse » : « Five minutes to midnight », « The late great planet earth », « Behold a pale horse », « 666 », bande son « The rapture », « The day the dollar dies », « Mystery 666 », « Revelations awareness », « When your money fails », « The hidden dangers of the rainbow », « The Illuminati 666 », « Computer and the beast of revelation »Clic sur miniature pour visualiser
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À l’occasion du « Martin Luther King Day » en janvier 2015, JZK/Ramtha avait salué en Rosa Parks [trad] « son courage au milieu de l’adversité a contribué à façonner l’égalité des droits pour tous les êtres humains. Une héroïne pour moi. » La communication suivait l’exposition dans les médias de propos injurieux sur « les mexicains », « les juifs », « les prêtres catholiques » et autres, tenus en séminaire au siège de la Ramtha’s School of Enlightenment à Yelm. Évoquer Rosa Parks —connue pour avoir refusé de céder sa place à un blanc dans un bus de Montgomery (Alabama) en 1955— devait aussi sembler marquer une attention au féminin. Hors, quiconque lisait ou écoutait le texte « Illuminati CFR » conseillé dans « La dernière valse des tyrans. Nouvelle version » y découvrait que Martin Luther King y était dénommé « Martin Lucifer King ». Dans divers tracts, M.C. Fagan avait également milité contre des films supposés favoriser la déségrégation, contre les manifestations en faveur des droits civiques et civils qu’il associait à des débauches et à des orgies sexuelles menées par des communistes, homosexuels, beatniks, pervers… Il condamnait également le métissage et attribuait à Martin Luther King des « instincts innés encore dans la sauvagerie, si ce n’est du cannibalisme ».

Exemples de tracts diffusés par l’organisation « Cinema Educational Guild » de M.C. Fagan dans le cadre de campagnes contre Earl Warren, John F. Kennedy, Martin Luther King. Clic sur miniature pour visualiser.
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 CHRONIQUES


*Source Ramtha’s School of Enlightenment, « Ramtha » :
• L’interprétation Jéhovah/Yahweh est notamment accessible dans « Une réflexion du maître sur l’histoire de l’humanité » (tome 2, ed. ADA) : cf. p.213 et chap. 5.
« Ramtha. La Dernière Valse des tyrans. La Prophétie. Nouvelle version » (ADA éditions, trad. fr 2010) : passages citant M.C. Fagan cf. p.26, 27, 33 ; propos associant Rothschild – 1857 – Londres … et notes sur A. Pike p.27
• Allusion aux « cavaliers de l’Apocalypse » avec GW Bush et Irak : cf. newsletter RSE vol.3, issue 8, août 2007.
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Sources des citations en ouverture de « La dernière valse des tyrans », ed. 2009

– « Greenland’s ice cap melting faster than expected: experts » AFP, 22/09/2008 ; « Answers: How much would sea level rise if polar ice melted » Jack Williams, USATODAY.com 21/11/2004 ; « Alarm over dramatic weakening of Gulf Stream » Ian Sample, theguardian.com, 01/12/2005 ;  « In Eastern Iowa, the City That ‘Would Never Flood’Goes 12 Feet Under » C. Maag, nytimes.com, 13/06/2008 ; « Report: Jet stream shift is expanding the Earth’s tropics and deserts », A. Bridges AFP, 25/05/2006 ; « Unrelenting fires char S. California, at least half a million flee », D. Simon, CNN, 23/10/2007 ; « Milwaukee learned its water lesson, but many other cities haven’t », D. Rutz, CNN, 02/09/1996 ; « pharmaceuticals lurking in U.S. drinking water », J.Donn, M. Mendoza, J. Pritchard, Associated Press, 10/03/2008 ; « Drugs Found in Watersheds of 28 Areas, Associated Press, 10/03/2008 ; « Are we prepared for bird flu ? », M. Roberts, BBC, 14/10/2005 ; « The Fate of the Ocean », J. Whitty, Mother Jones, Mars/avril 2006 ; « Chinook Salmon Vanish Without a Trace », F. Barringer, The New York Times, 17/03/2008 ; « Lowest Food Supplies In 50-100 Years. Global food emerging », communiqué National Farmer Union, 11 Mai 2007 ; « Could we really run out of food », via finance.sympatico.msn.ca ; « Former Presidents Urge Americans to Prepare for Emergencies », communiqué US Department of Homeland Security, 23/05/2006 ; « Collect wild crop seeds to protect them from climate change, CGIAR », J. Halliday, foodnavigator.com, Decision News Media mai 2007 ; « Wealth, War and Wisdom », B. Biggs, 2008, ed. John Wiley & Sons ; Correspondance de T. Jefferson à John Taylor, 28 mai 1816, cf Memoir, Correspondence, and Miscellanies: From the Papers of Thomas jefferson, Volume IV ; « La stratégie du choc » Naomi Klein, 2008 ; Discours Hylan, 26 mars 1922 ; « Bush Reveals Secret War on Terror, Movement of Suspects », foxnew.com, 08/09/2006 ; « Stocks plunge anew as retail sales show steep drop», Tim Paradis, Associated Press, 15/10/2008 ; « Retail investors seek haven in gold coins amid crisis », M. Zhou, Marketwatch, 01/10/2008 ; « With NAFTA, US finaly creates a New World Order, H. Kissinger, Los Angeles Times, 18/07/1993 ; CNN, « Lou Dobbs tonight », 29/11/2006 ; « U.N. Can Now Become the Catalyst for ‘New World Order,’ Bush Says », N. Kempster, Los Angeles Times, 24/09/1991
Référence à J.F. Hylan : Cherep-Spiridovich « The secret world government or the hidden hand » p.37, 1926 ; « Social justice » (support de Charles Coughlin), p.5, sept. 1937 ; Don Bell « Who are our rulers ? » dans « American Mercury » p.135-140, sept. 1960 ; compilation attribué à E.F. Elmhurst dans « Thunderbolt » p.3, mai 1961 ; reprise de l’article de Don Bell dans un n° de « The cross and the flag » de Gerald Lyman Kenneth Smith, en 1961 ; Mary M. Davison dans « The secret government of the United States », 1962, p.2 ; M.C. Fagan « News Bulletin » 1966? ; Des Griffin « Descent into slavery » p.18, 1980 ; James Perloff « The shadows of power. The Council on Foreign Relations and the american decline » ed. Western Island (éditeur de la John Birch Society), p.3, 1988.
– The New York Times « Hylan takes stand on national issues » 27/03/1922 relaté dans « Albert Einstein : the incorrigible plagiarist », C.J. Bjerknesp.1006.
– Le livre « The secret world government or the hidden hand » – Cherep-Spiridovich (russe royaliste en exil), est un assemblage de plusieurs centaines de citations découpées dont certaines sont détournées et d’autres inventées. Dans le passage concerné, le discours attribué à J.F. Hylan sert à dénoncer une menace des Rothschilds « banquiers-internationaux-juif » tout en excluant les Rockefellers d’y être mêlés d’après l’argument qu’ils ne sont pas « banquiers ». Le discours de propagande avec Cherep-Spiridovich était centré sur l’argument « Rothschild-juif-banquier-communisme » exonérant les Rockefeller (« non juifs ») d’y être associés. La distinction disparaît dans des utilisations plus tardives de la citation Hylan incorporée à des discours contre Nelson David Rockefeller.
Assemblage de médias d’information, de communiqué de corporation (National Farmers Union), de communication marketing (Decision News Media), de conseil en placement financier (MarketNews, MSN Finance News), de documents historiques.
Dans « La stratégie du choc », Naomi Klein, ed. Babel trad. Fr : sur Lou Dobbs  cf p.695.
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À propos des « notes » dans « La dernière valse… » :
• Le livre « The myth of the six million » a été publié en 1969 par la maison d’édition Noontide Press dirigée par Willis Carto. Ce dernier, avec le magazine « American Mercury », exposait depuis plusieurs années des théories « révisionnistes ».
« The Rothschilds : the financial rulers of nations » signé J.Reeves, ed. AC McClurg & Co, 1887, p.228 : « Under this roof are the heads of the name and family of Rothschild, a name famous in every capital in Europe and every division of the globe, a family not more regarded for its riches than esteemed for its honour, virtues, integrity, and public spirit. »
• « The unseen hand. An introduction to the Conspirational View of History », signé A. Ralph Epperson éd. Publius Press, 1985. Passage p. 152, chap.15 : « In any event, it was during this time that the European bankers began plotting the Civil War. « According to John Reeves, in an authorized biography entitled The Rothschilds, the Financial Rulers of Nations, a pivotal meeting took place in London, in 1857. It was at this meeting mat the International Banking Syndicate decided that (in America) the North was to be pitted against the South under the old principle of ‘divide and conquer.’This amazing agreement was corroboratedby MacKenzie in his historical research entitled The Nineteenth Century. » (avec un renvoi à un « Bulletin du Committee to Restore the Constitution », Jan. 1976, Fort Collins, Colorado).
« The secret world government or the hidden hand » signé Cherep-Spiridovich, 1926 : « In 1857, at the marriage of Lionel’s daughter, Leonora to her cousin Alfonse, son of James of Paris, all the Rothschilds were assembled in London. The sinister Jew Disraeli, said : « Under this roof are the heads of the family of Rothschild —a name famous in every capital in Europe and every division of the globe » (Reeves, p.228) Yes ! But what could not fail to happen ? The following. After the dinner James Rothschild III, Lionel and Disraeli sat together and « conspired ». James, always harsh, could not fail to grumble : « How about the globe ? The New World is not yet ours. » Disraeli could not resist jumping to his feet and boast : « If you like, we shall divide the United States in two parts, one for you (james) and one for you (Lionel). Napoleon will do exactly, and all, that I shall advise him, and to Bismarck will be suggested such an intoxicating program, as to make of him our abject slave. »
• Passage « So you see, my dear Coningsby, that the world is governed by very different personages from what is imagined by those who are not behind the scenes. », p.234 dans le chapitre XV de « Coningsby or the new generation » signée B. Disraeli (ed. 1844, Leipzig Bernard Tauchnitz).
• « Evolve your brain », Joe Dispenza, ed. Health Communications, 2007 : ref. à Martin Luther King en p. 14.
• JZK/Ramtha sur Rosa Parks : sites officiels RSE et JZ Knight en janvier 2015 : « I remember and honor Rosa Parks this day. Her courage in the midst of adversity helped shape equal rights for all humans. A hero of mine. »
• Tract de M.C. Fagan titré « Martin Luther King and his Civil rights urinators » 1965 (documents déclassés Freedom of Information Act).
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Autour de Leo Taxil
• Allusion à la lettre Pike-Mazzini avec Des Griffin : dans « Descent into slavery » p.63, dans « Fourth Reich of the rich » p.68.
• « Le Diable au XIXème siècle » a été réimprimé en fac-similé par les éditions Saint-Remi en 2007.
• Transcription « Frondeur » mise en ligne sur -> 19e.org/documents/religion/1897leotaxil.htm
« Léo Taxil, Diana Vaughan et l’église romaine », Henry-Charles Lea, 1901 => gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k397689
•  » Une mystification  » : M. Leo Taxil et Miss Dana Vaughan et le Palladisme … L’ art de mystifier ! Un reportage de M. Edmond Frank, illustré de 2 photographies -> dans « L’Illustration » du 1er mai 1897, n°2827
« The cause of world unrest » => archive.org/details/causeofworldunre00newyiala
• Revue mensuelle religieuse, politique, scientifique. Complément de [« puis » Faisant suite à] la publication « Le Diable au XIXe siècle »1894-1897, consultable gratuitement
=> gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32860713j/date.r=%22le+diable+au+xix%22.langFR
• « Lettre de Pike » d’après « Diable au XIXeme siècle » : d’après document scanné par Google
« Satan, prince of this world » => arcticbeacon.com/books/Carr-Satan-Prince_of_This_World_(Luciferian_conspiracy_exposed)_(1959).pdf
• Affiche « Le Diable au XIXe siècle ou les Mystères du spiritisme par le docteur Bataille », A. Guillaume
=> gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b69098398
• Lettre encyclique « Humanum genus » (avril 1884) du Pape Léon XIII « condamnant le relativisme philosophique et moral de la franc-maçonnerie »
=> vatican.va/holy_father/leo_xiii/encyclicals/documents/hf_l-xiii_enc_18840420_humanum-genus_fr.html
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• « sur Pierre Virion : cf conférence « Les forces occultes dans le monde moderne ».