Les entrées sont multiples, la méthode appliquée pouvant passer pour une invitation à satisfaire une curiosité, à améliorer l’existence. Pour substituer à la recherche d’une maîtrise de soi et d’une compréhension, l’obsession d’une exigence. Les arguments détournent l’aspiration à une paix intérieure et une croyance pour les amener ailleurs. Sous influence s’il y a une distance, sinon dans un rapport de pouvoir. Le discours rodé appelle à « s’observer soi » par une discipline, et à des exercices pour « activer un niveau supérieur de conscience », que « seul un maître éclairé peut enseigner », pour accéder à ce « qu’on est en réalité », et entrer dans « un univers plus riche ».

Le sentiment de transformation est rendu possible par une altération de la perception du quotidien (interprétation des théories probabilistes quantiques, psychologie transpersonnelle…). Les disciplines créent l’addiction à une routine et favorisent un isolement.

  • En modérant l’expression individuelle par l’expérience d’identifications,
  • En blâmant les doutes et l’esprit critique pour les associer à une « ancienne personnalité »,
  • En s’appuyant sur un contraste avec le quotidien par des modifications de perception (de la simple stimulation d’endorphine, à un travail de méditation, de respiration, de déclinaison du modèle placebo…)
  • En établissant une liste d’ « habitudes malsaines », d’ « émotions négatives »,
  • En stigmatisant un « schéma de culpabilité », une approche « intellectuelle »
  • En maintenant une pression car « rien n’est acquis »,
  • En posant comme postulat un conflit entre le corps et un esprit « fragmenté »,
  • En combinant une contrainte physique, intellectuelle et émotionnelle pour stimuler la sensation « d’accéder à une « essence de l’être ».

L’exercice de l’influence repose sur la théorie que l’être humain, semblable à une machine, obéit aux stimulations avec peu de volonté propre et un manque de contrôle de soi. Les rapports au sein de l’organisation sont régis par une hiérarchie qui alimente la croyance en des « initiations formatrices ».

  • En plaçant « l’étudiant » en situation d’inconfort,
  • En imposant une pertinence des sujets,
  • En stimulant un alignement des pensées (répétition),
  • En facilitant des confessions (cérémonie du vin),
  • En amenant la personne à se définir par son implication,
  • En installant un statut d’infériorité,
  • En dévalorisant l’espace collectif pour asseoir une forme d’autorité,
  • En créant une communion d’expériences qui masque l’absence de débats et de réponses,
  • En faisant des incohérences et des humiliations des épreuves,
  • En détournant les sources d’informations de leur contexte.

Les confusions sont volontairement entretenues pour faire de la coexistence du monde intérieur, du monde intime et immédiat, et du monde environnant les obstacles à un « monde/Dieu inconnu ». Et favoriser le glissement vers un sentiment de supériorité, une succession de suggestions et de révélations. L’isolement est rendu possible par :

  • L’application de contraintes,
  • En imposant le partage de l’expérience uniquement au sein de l’organisation,
  • Des préconisations en rapport avec la santé,
  • La division et la focalisation de l’attention sur une « conscience objective »,
  • La référence à l’intuition pour initier les suggestions de l’organisation,
  • L’exercice d’une contrainte psychologique pour isoler des proches,
  • Une remise en cause du processus critique,
  • La stimulation des réflexes de corporation par le ressort d’intrigues,
  • L’isolement associé à « une nouvelle étape d’évolution »,
  • L’opposition d’une dualité à une voie tracée par l’organisation.
  • En posant la relation maître/élèves dans un schéma fabriqué de « Sauveur (le « maître »)/ Victime (l’adepte)/ Persécuteur (le quotidien) »

L’adhésion peut se faire par divers canaux. Cooptation par une relation qui partage sa croyance en même temps qu’elle témoigne son engagement. Franchir le pas après avoir pratiqué un forum internet dédié à la psychologie, les approches « alternatives », le yoga, le bien-être, la spiritualité… Être recruté dans des boutiques spécialisées, librairie, lithothérapie… par affinité. Le discours flatteur oppose systématiquement un ego « ordinaire » et « déviant » à un « Soi divin, suprême, supérieur, essentiel » décrit comme un potentiel que l’organisation va permettre de révéler.

  • Les curiosités intellectuelles et les recherches spirituelles sont amalgamées à des synthèses présentées comme valorisantes,
  • La proximité d’avec les thèmes et terminologies de développement personnel facilite le contact,
  • La PNL (Programmation Neuro-Linguistique), l’interaction psychologie/santé sont largement intégrés au discours,
  • Les disciplines orientales réinterprétées (méditation, respiration, kundalini…) créent une passerelle,
  • Les ressorts du « mystère » et du « secret » sont exploités à toutes les étapes de « l’enseignement »,
  • L’organisation devient la reconnaissance d’un « Soi exceptionnel », « Remarquable »,
  • L’organisation décomplexe un hédonisme social et déculpabilise un égocentrisme dans le « repli sur soi/retour à soi »,
  • Les pensées et expressions sont ramenées à des schémas et une vision du monde,
  • Association de l’acte de foi à l’expression d’une créativité.

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La « Ramtha’s School of Enlightenment » (RSE) peut agir sur la personnalité. C’est d’ailleurs son objectif en affirmant pouvoir accompagner une nouvelle perception de la spiritualité, et même de l’activité cérébrale et corporelle. Les exercices sont réguliers, répétés et fréquents. Esprit et corps, c’est bien la personnalité entière qui est soumise à une pression forte afin d’atteindre des objectifs et franchir des paliers pour accéder aux promesses d’une « ascension ».

La RSE peut modifier la perception. Elle intervient sur l’ensemble des supports existants : livre, CD, DVD, cinéma, émissions télévisuelles, internet, presse, séminaires. Un discours qui pose la question des mensonges par omission. Car pour promesses, la RSE n’agite pas moins que l’illumination et l’élévation, et d’en appeler au sacrifice d’un ego pointé du doigt comme responsable des souffrances, culpabilités, jugements hatifs, héritages de passifs.

La RSE peut amener à un effondrement psychologique. Ce travail de communication globale a permis à la RSE de construire un système qui repose sur ce que ses membres sont prêts à envisager, ou croire. Ce qui est attendu est de sacrifier son ancienne personnalité, et de se couper de toute source d’information apportant une contradiction. Pour se faire, la RSE a redéfini les mots et concepts qui sont rattachés au sens critique et au dialogue. Le langage ainsi éloigné d’un sens commun et de son ouverture est réduit à l’affirmation de certitudes et de schémas de pensées.

La RSE ne se limite pas au domaine spirituel. La RSE porte atteinte au regard porté sur la vie humaine pour le remplacer par des concepts qui brouillent la totalité des repères sociaux. La RSE inculque que tout esprit humain est en fait une divinité qui s’ignore et doit se retrouver pour renouer avec une unité universelle. Ainsi la RSE met-elle en avant les crises de sociétés, psychologiques, économiques, sociales, identitaires, religieuses, intellectuelles, politiques, écologiques pour séparer le monde en deux camps : l’unité et la révélation pour ceux qui adhèrent aux conceptions de la RSE, le chaos et l’ignorance pour les autres.

La RSE et la culpabilité extrême. Car elle s’est engouffrée là où les sociétés humaines sont relativement muettes dans les réponses collectives aux attentes individuelles : y-a-t-il quelque chose de sacré dans la vie humaine ? La pensée et l’action peuvent-elles se réduire à des fonctions ? Arrivons-nous à nous reconnaître dans le monde ? La modernité est-elle porteuse de sens ? Quelles sont les expressions humaines dominantes ? La RSE ne s’embarrasse pas d’un débat complexe, et transfère le malaise et le mal-être sur les épaules de ses membres. Celles et ceux qui ressentent des inquiétudes, le doute, des maladies les auraient laissés entrer en eux par faiblesse et ignorance, ils en sont donc responsables.

La RSE peut entraîner un retrait. La RSE conditionne l’accès à un stade supérieur qu’elle promet à des pertes de sensibilité. Elle déplace l’implication individuelle dans un rapport à soi comme cause, moyen et finalité, contrastant avec un environnement décrit comme décadent. Progressivement, des thèmes obsessionnels se substituent à une ouverture pour laisser s’installer une sensation de vide, d’absence au monde. La raison d’être des relations perd ainsi son contenu hors une expérience balisée.

La RSE rend possible d’accroître une souffrance initiale. Le parcours qui mène à la RSE est souvent celui d’un espoir de paix et de sens. La RSE joue habilement de la porosité entre les disciplines de bien-être (yoga, méditation…), les approches psychologiques innovantes, les techniques de coaching comme autant de « solutions » à expérimenter. La RSE s’emploie à relativiser une réalité sociale et fabrique les conditions pour temporiser des approches d’interrogation, de doute, parfois de détresse. La souffrance plus silencieuse et niée touche au paradoxe de l’ambition de n’être rien et tout à la fois.

La RSE est un spectacle qui peut créer une addiction. Sa force commerciale repose sur l’addiction de ses participants. Pour satisfaire la demande et les attentes, la RSE a mis en place une stratégie efficace. Tout d’abord, un porte-parole spectaculaire dont le nom de scène est Judith « Zebra » Knight qui affirme être habitée par le personnage « Ramtha », présenté comme un guerrier lémurien agé de 35 000 ans. Ensuite, un « Livre blanc » qui passe pour une synthèse de traditions religieuses et spirituelles, qui en a extrait des points communs pour se les approprier. Enfin, un dispositif de pratiques qui oscillent entre la discipline orientale et des activités ludiques, suffisantes pour fabriquer une expérience. Et pour finir, une communication continue et intensive sur une actualité ciblée et orientée

La RSE est un produit qui fonctionne. Elle est inscrite comme une société à but lucratif. Elle remplie chaque année un quota qui garantie son activité, sans quoi elle aurait déjà fermé ses portes. Les activités pratiquées sont des marques déposées et protégées. Les concurrents sont attaqués dans des procès. Les membres signent une clause de confidentialité. Comme on dit en marketing, la RSE est un produit qui a un territoire d’expression et crée un sentiment d’appartenance. La RSE a ses spécialistes pour le marketing, les relations publics et les questions religieuses. Elle pratique activement le partenariat dans un intérêt mutuel de publicité avec des scientifiques qui vendent leurs livres, des cinéastes qui vendent leurs films… des intervenants qui participent à créer une sorte de légitimité de ce marché du « spirituel » au sens le plus large et le plus diversifié possible.

La RSE jouit d’une certaine impunité. Elle exerce son activité là où s’exprime nos complexités. Elle travaille le terreau de l’interrogation et du doute, les convertit en inquiétudes et peurs, puis promet l’éveil. Sur nos sociétés, la RSE met en avant des intrigues et des tabous, en promettant des révélations. Sur l’histoire humaine, la RSE travaille sur les limites, les paradoxes, les non-sens, en promettant la vie éternelle. La RSE s’exprime là où les professionnels et spécialistes incarnent une démission ou une impuissance, là où l’actualité et la culture nous renvoient parfois l’image d’un monde qui court à sa perte ou tourne en rond, là où nous peinons parfois à porter la vie.

La RSE veut faire croire à un paradigme. Face à la complexité du contemporain, la RSE est l’illustration en même temps que l’expression d’un malaise, incapable d’apporter des réponses opérantes collectives, s’adressant aux seules individualités. Alors le glissement peut-il se faire, de se désintéresser du monde et des relations sociales pour suivre la parole de la RSE, et être centré exclusivement sur soi. En effet, la RSE favorise un point de rupture de la personne.

La RSE est un tabou dangereux. Un tabou qui rencontrant un parcours individuel, par accumulation, peut conduire à un effondrement. L’actualité récente a mis en lumière des décès ayant un rapport avec la RSE. Ces décès spectaculaires s’ajoutent aux témoignages plus discrets de ceux, anciens étudiants et proches, qui ont vécu des tragédies intimes.

La RSE peut favoriser une amnésie. À chaque étape de notre vie (enfant, adolescent, adulte), nous partons du monde et nous nous y projetons. Chacun d’entre nous peut vouloir ressentir l’exaltation d’une réalisation dans sa vie intime, sociale,  professionnelle, au travers des rencontres, des loisirs, des métiers, des réflexions, d’une évolution. Enfant nous aimons jouer, participer à une aventure, et même en être un héros. Adolescents et adultes, il y a moins de légèreté et d’insouciance mais nous souhaitons toujours des formes d’aventure et d’héroïsme. L’une des techniques de la RSE passe par là en proposant un « jeu de l’esprit et du corps ». L’histoire : l’Atlantide et la Lémurie ont existé, un guerrier est revenu d’entre les morts pour révéler les secrets de la vie, il va permettre d’accéder aux secrets de l’ascension. Les règles du jeu : incarner un être supérieur omniscient ayant des pouvoirs de télékinésie, de clairvoyance, de télépathie. La RSE a fabriqué un cadre qui imite l’insouciance de l’enfance dans un espace qui exalte à condition d’en ignorer les risques et les conséquences

L’affirmation la plus efficace de la RSE est de prétendre être le chaînon manquant. Le chaînon manquant est une obsession tenace. Il exprime une quête pour comprendre enfin, expliquer enfin, aimer enfin, justifier enfin. Et la RSE prétend être le chaînon manquant qui va permettre tout cela. La RSE abuse d’une culture qui exprime invariablement une limite lorsqu’il s’agit de l’accès à la connaissance. Pour apprendre et connaître, nous devons nous confronter à la réalité, nous devons faire l’expérience de l’épreuve, nous devons trouver une vérité depuis l’épreuve de la réalité. L’histoire, l’amour, la politique, la spiritualité, la philosophie, la psychanalyse, l’économie, la culture… témoignent parfois lourdement de ce qui nous a précédé, des limites auxquelles nous sommes confrontées, mais aussi, et surtout, de la possibilité de les dépasser ou de les contourner, ou de les déborder, par amour, imaginaire, compassion, ‘intelligence, en pratique. Le mensonge par omission de la RSE consiste à dire que ce qui fait l’expérience de la vie est à relativiser car la connaissance serait déjà là et la RSE en serait l’accès, la source et l’inspiration.

La RSE est une limite qui s’ignore. La RSE qui s’est improvisé fanion, relaie avec opportunisme un certain type de communications scientifiques pour alimenter son discours. Il s’agit de personnalités qui ont une activité à la fois scientifique, médiatique et commerciale. Si la RSE met en avant leur légitimité, ce qui l’intéresse n’est pas la compréhension par la vulgarisation par exemple. Au contraire, les phénomènes scientifiques (notamment de la biologie, de la physique quantique, de la psychologie) sont réduits à des démonstrations qui quittent le champ de la science et de la connaissance pour aller sur le terrain de la spiritualité et des opinions. La RSE s’intéresse à ceux qui font le commerce de leurs interprétations. Cela n’enlève rien à l’intérêt que leur parole peut susciter, mais la malhonnêteté consiste ici à ne pas resituer cette parole dans le débat qu’elle soulève, ni les autres approches qui éventuellement les contestent. L’objectif est de mettre bout à bout les spéculations sur l’interaction de l’esprit avec le monde physique. Ainsi la RSE est-elle dans la limite du calendrier promotionnel des intervenants.

Cette ébauche de notice est susceptible d’évoluer.  .


La Ramtha’s School of Enlightenment (RSE) ne manque pas une occasion de fustiger la psychanalyse. Au point d’attirer l’attention sur la menace qu’elle représenterait. C’est que l’une et l’autre ont pour sujet la conscience. Au risque d’être simpliste ou provocateur, la psychanalyse est-elle si éloignée du champs de la spiritualité ? Il suffira d’aller voir du côté de Jung pour se rappeler ou découvrir que non. Et d’employer le terme « d’introspection » pour sa proximité avec la méditation.

Cet acharnement de la RSE à diaboliser l’analyse ne l’empêche pas, au contraire, d’en reprendre les théories. Et d’enfoncer les portes ouvertes avant elle : nous sommes confrontés à une mémoire (famille, ADN, culture…) qui nous précède. Les passifs pèsent. Il y a une partie en nous qui reproduit des schémas. L’expérience amène une part de souffrance. La culpabilité est un nœud de la conscience. La société tend à aliéner…

L’instrospection ou l’analyse, et la méditation sont des chemins à emprunter, seul, accompagné, ou guidé. Qui peuvent emmener vers des espaces de confrontation à soi, et d’exploration aussi. Avec le concept d’ego, on touche à ce qui est à l’œuvre et à ce qui nous anime, ou touche à une distance pour se libérer d’un poids et surtout aller au-delà du poids. C’est peut-être un peu ici que la RSE a décidé qu’il y avait une menace, et faire de l’attention à l’inconscient une démarche « négative ». Ce que la RSE veut avant tout empêcher, c’est le dialogue, intime du conscient et de l’inconscient qui pourrait – qui sait ! – lever le voile sur les motivations de JZK/Ramtha.

Alors la RSE fait de l’inconscient le lieu des ténèbres, quand on pourra lui préférer celui de « profondeur » qui fait davantage écho à l’intensité de l’expérience. Car dans la spiritualité comme dans l’analyse, le point de rupture peut en effet ouvrir à une conscience plus aguerrie et éveillée, et mener souvent à un « retour à soi » et un « retour vers les autres », notamment avec la compassion et une compréhension qui semble plus vaste. Mais la RSE préfère les adjectifs qui frappent l’imaginaire comme « nouvelle conscience », « retour à un moi supérieur » ou un « être essentiel » et d’un « ego altéré » comme s’il fallait se méfier de soi pour mieux s’adonner à la RSE.

Car si Judith Zebra Knight n’aime pas qu’on s’approche de l’inconscient, c’est que s’y trouvent pour une part les causes d’adhésion à la RSE. Alors à la différence de la RSE, on peut croire que des mauvaises raisons d’être séduit par le « phénomène Ramtha » peuvent se transformer en de « bonnes raisons » de quitter son influence. Et même, en renouant avec une intégrité, de s’interroger sur l’ego de JZK/Ramtha :

  • Une arrogance qui installe la ségrégation
  • Un mépris qui rompt l’amour et la compassion
  • Une intolérance qui remplace l’unité par l’uniformité
  • Un égocentrisme qui fait du charisme un spectacle
  • Un scepticisme qui fait de l’angoisse un fil conducteur
  • Une paranoïa qui transforme le partage en exclusivité
  • Un cynisme qui fait de la spiritualité un danger
  • Le mensonge par omission
  • Une suffisance à masquer les pensées originales et les ouvertures
  • Un narcissisme
  • Une humilité : car afin de ne pas humilier les étudiants auxquels elle impose des disciplines dont elle fait le commerce (Ramtha®, C&E®, Consciousness & Energy®, Fieldwork®, The Tank®, Blue Body®,Twilight®, Torsion Process®, Neighborhood Walk®, The Grid®, Create Your Day®, Become a Remarkable Life®, Mind As MatterSM, Analogical ArcherySM, and GladysSM… All Rights Reserved Copyright JZ Knight), JZK/Ramtha ne les pratique pas !

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Miroir Miroir

JZK/Ramtha revendique une tradition pour citer quelques personnages et textes : Akhenaton, Bouddha, de Vinci, l’évangile selon Saint Jean, les Cathares, etc. JZK/Ramtha a beau traiter l’Europe de « grande prostituée » (tournure faisant référence au texte « L’apocalypse de Saint Jean » qui cite Babylone, ailleurs utilisée à propos de l’empire romain), ses inspirations ont largement puisé dans un courant de pensée de la fin du XIXème siècle dans des cercles d’influence notamment européens. À l’image d’un Édouard Schuré (1841-1929) avec son livre « Les grands initiés : esquisse de l’histoire secrète des religions : Rama, Krishna, Hermès, Moïse, Orphée, Pythagore, Platon, Jésus ». Les tournures anachroniques qui suggèrent que ces traditions doivent à JZK/Ramtha du type « On retrouve de nombreuses traces de la pensée de Ramtha dans les traditions anciennes » sont quant à elles fréquentes.

Dans sa recherche de légitimité, JZK/Ramtha a trouvé un soutien en la personne de J.G. Melton, auteur controversé de livres sur les mouvements religieux aux États-Unis, qui utilise la formule « théologie gnostique de Ramtha » dans son « Encyclopedia of occultism & parapsychology » (fifth ed. 2001, 2ème Tome, p.1280) sans que l’on puisse distinguer s’il s’agit d’argument de la RSE ou d’un avis de l’auteur. Dans son livre « Finding Enlightenment, Ramtha’s School of ancient wisdom », J.G. Melton avait d’ailleurs cautionné en lui consacrant un chapitre cette étiquette « Gnosticisme moderne » revendiquée par JZK/Ramtha de façon notable à partir de 1994.

Pour prendre du recul, il est à noter que l »Église catholique chrétienne, prolongeant sa tentative périlleuse d’ouverture d’après le Concile Vatican II (rien de moins que le renoncement à une « infaillibilité »), osera d’ailleurs un tel rapprochement entre le New Age et un gnosticisme devenu élément d’intégration presqu’envieux.

En examinant diverses traditions Nouvel Âge, on s’aperçoit qu’en fait, bien peu de choses sont véritablement nouvelles. S’il semble que ce terme se soit répandu d’abord à travers les Rosicruciens et les Francs-Maçons au temps des révolutions française et américaine, la réalité qu’il dénote est plutôt une variante contemporaine de l’ésotérisme occidental, dont l’origine remonte aux groupes gnostiques des premiers siècles du christianisme. Ayant pris un nouvel essor en Europe à l’époque de la Réforme, il se développa parallèlement aux conceptions scientifiques du monde et acquit peu à peu une justification rationnelle aux XVIIIe et XIXsiècles. Il se caractérise par le rejet progressif d’un Dieu personnel au profit d’entités qui servaient souvent d’intermédiaires entre Dieu et l’humanité dans le christianisme traditionnel, en leur faisant subir des adaptations de plus en plus originales ou en leur en adjoignant d’autres. Une autre tendance de la culture moderne occidentale qui a puissamment contribué à la diffusion des idées Nouvel Âge est l’acceptation générale de la théorie évolutionniste de Darwin qui, avec l’accent mis sur les forces spirituelles cachées ou forces de la nature, a jeté les bases de ce qui est connu aujourd’hui comme la théorie du Nouvel Âge. En réalité, si le Nouvel Âge a bénéficié d’un accueil si favorable, c’est parce que la vision du monde sur laquelle il se fondait était déjà largement acceptée. Le terrain avait été bien préparé par les progrès du relativisme et par l’indifférence ou même l’antipathie envers la religion chrétienne. Par ailleurs, un débat très animé a porté sur le point de savoir si, et dans quelle mesure, le Nouvel Âge pouvait être considéré comme un phénomène post-moderne. L’existence et la ferveur de la pensée et de la pratique Nouvel Âge confirment le désir inextinguible de transcendance de l’esprit humain et de sens religieux, ce qui n’est pas seulement un phénomène culturel actuel, mais était déjà manifeste dans le monde antique chez les chrétiens comme chez les païens.
« Réflexion chrétienne sur le “Nouvel Âge” », Conseil pontifical de la culture, Conseil pontifical pour le dialogue religieux. 2003.

Avant cette association surprenante, la Gnose et le Gnosticisme ont participé avant tout à décrire des mouvements philosophiques et religieux riches et variés autour de la Méditerranée et du Moyen-Orient dans l’Antiquité. Des notions indissociables de l’histoire du Christianisme, des rapports de force, de pouvoir et d’influence entre les mouvements religieux. Pour évoquer l’un et l’autre, le terme de « tradition » est aussi décalé que celui de « moderne » est inapproprié.

L’étiquette « école gnostique moderne » est surtout utilisée par JZK/Ramtha pour être associée à des courants religieux qui ont subi la montée du christianisme. En apparence, la démarche aborde par exemple la validité de l’écriture de la Bible, des liens entre les différentes cultures et civilisations, des découvertes archéologiques, des confrontations historiques et théologiques. Puis s’ajoutent des suggestions et un passage du passé au présent pour dénoncer une Histoire « officielle » manipulée et falsifiée. Le glissement aboutit ainsi à faire de JZK/Ramtha l’inquisitrice d’une humanité aveuglée et maintenue dans une ignorance. Passage d’une critique des Inquisitions réelles et revisitées à une Inquisition de la RSE au nom d’une « tradition gnostique moderne ».

De l’usage des contradictions

Fréquemment critique sur les traductions ou la « déformations des messages » dans les religions, JZK/Ramtha précise que les versets 16 à 18 du chapitre 13 de l’Apocalypse de Jean n’ont pas été « altérés ». De quel texte s’agit-il ?

La bête qui monte de la terre 13.11 Puis je vis monter de la terre une autre bête, qui avait deux cornes semblables à celles d’un agneau, et qui parlait comme un dragon. 13.12 Elle exerçait toute l’autorité de la première bête en sa présence, et elle faisait que la terre et ses habitants adoraient la première bête, dont la blessure mortelle avait été guérie. 13.13 Elle opérait de grands prodiges, même jusqu’à faire descendre du feu du ciel sur la terre, à la vue des hommes. 13.14 Et elle séduisait les habitants de la terre par les prodiges qu’il lui était donné d’opérer en présence de la bête, disant aux habitants de la terre de faire une image à la bête qui avait la blessure de l’épée et qui vivait. 13.15 Et il lui fut donné d’animer l’image de la bête, afin que l’image de la bête parlât, et qu’elle fît que tous ceux qui n’adoreraient pas l’image de la bête fussent tués. 13.16 Et elle fit que tous, petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves, reçussent une marque sur leur main droite ou sur leur front, 13.17 et que personne ne pût acheter ni vendre, sans avoir la marque, le nom de la bête ou le nombre de son nom. 13.18 C’est ici la sagesse. Que celui qui a de l’intelligence calcule le nombre de la bête. Car c’est un nombre d’homme, et son nombre est six cent soixante-six.

La référence s’inscrit dans la théorie du complot d’un « Nouvel Ordre Mondial » pour dénoncer l’existence de la carte de paiement (voir « La dernière valse des tyrans »p.54) : « Ceux qui prennent cette carte de débit seront possédés et encouragés par la bête, et auront abandonné leur liberté et leur indépendance à ceux qui les contrôlent. Avec elle, vous abandonnez choix et liberté ». Le thème de la maîtrise des informations et de la liberté individuelle valait bien la référence sans que soient concernés les sites marchands de JZK/Ramtha. Quand un réalisme l’emporte sur la force des arguments :

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Un conflit d’intérêts

JZK/Ramtha a participé avec des sommes considérables au financement des deux dernières campagnes présidentielles américaines des démocrates et de B. Obama. L’acte peut paraître singulier à côté des propos au moins critiques vis-à-vis de la chose politique décrite comme le théâtre d’intrigues. Si toutefois l’acte devait être observée comme un engagement, il est bon de rappeler qu’aux États-Unis, une partie des fonds collectés est dédiée à la campagne « négative » de décrédibilisation du candidat opposé notamment via des spots TV. L’engagement de JZK/Ramtha tient davantage d’un investissement en terme d’image car ses opinions revendiquées sont à rapprocher de courants du parti républicain tels les éclectiques « libertariens » ou le « tea party movement » : baisse des prérogatives de l’état, rejet du fédéralisme, retour à des valeurs conservatrices, etc.  Il faut donc pouvoir envisager que les dons financiers de plusieurs dizaines de milliers de dollars de JZK/Ramtha prolongent des théories selon lesquelles B.Obama serait l’antéchrist. Et que de pouvoir justifier d’être « partenaire du Président » (lorsqu’on a participé à financer sa campagne) permet d’utiliser l’argument dans un communiqué de presse comme ça a pu être le cas avec la mort de Philippe Menière et d’Agnés Jardel en  Afrique du sud.

Les étapes d’un opportunisme

Les théories véhiculées par JZK/Ramtha et la RSE ne sont ni exclusives ni récentes. Contre toute attente, ce qui constitue une croyance est assez conventionnel. Ni sursaut, ni révolution, ni rupture, ni paradigme. Ni éveil sauf à considérer qu’une aliénation de nature spirituelle puisse être une exploration volontaire. On peut en retracer les inspirations mais aussi des étapes.De 1979 à 1985 il y a d’abord eu un travail d’adaptation des approches spirituelles, des convictions religieuses et des phénomènes culturels au personnage de JZK/Ramtha. C’est le temps des contributions romancées de D.J.Mahr, et de S.L.Weinberg et d’équipes réunies.De 1985 à 1990, c’est le succès du phénomène de mode du « chanellisme » associé à un tournant des contenus plus critiques, anxiogènes c’est le temps de la contribution journalistique de J.P. Koteen.De 1990 à 2000, la société JZK Inc fait fructifier son catalogue de produits dérivés et structure la RSE avec en ligne de mire le passage à l’an 2000. De 2000 à 2012, c’est la tentative de donner du fond à la RSE avec l’universitaire J.Leal-Anaya, de rester dans une tendance avec le film-documentaire « What the bleep do we know?! » et de prendre appui sur le phénomène 2012 pour interpréter l’actualité. Quelques noms saillants donc, rencontres de calendriers et d’intérêts.

Inattendue mondialisation

Protectionnisme du « channeling » des années 1980 devenu un phénomène sans comparaison dans les limites géographiques de l’Amérique du nord. Situation monopolistique des « maîtres ascensionnés » américains et canadiens. Spéculation spirituelle sur la promesse d’une ascension comme retour sur investissement. Évolution mécanique de la communication de JZK/Ramtha en réaction au contexte culturel, politique, social et économique des États-Unis. Exportation d’une croyance qui repose sur des signes extérieures de réussite. La JZK Inc. est une société à but lucratif fonctionnant conformément à un modèle économique.

L’enjeu symbolique du nom

Depuis sa naissance le 16 mars 1946 jusqu’en 1989, l’identité de la dirigeante de la société JZK Inc. n’a eu de cesse de changer gommant le nom et les prénoms de naissance Judith Darlene Hampton pour aboutir à ceux revendiqués de JZ Knight et de Ramtha.  Le 25 octobre 2011 est décédé Charles P. Hampton à l’âge de 77 ans. Il était né le 3 juin 1934 à Dexter, Nouveau Mexique, fils de Charley Hampton et Helen (Hart) Hampton. Il était père, de confession Baptiste, et avait été conducteur de camion et soudeur. Il était l’un des frères de Judith « Zebra » Knight (JZK).

Ces dernières décennies, JZK/Ramtha a fait disparaître le nom Hampton et avec lui les prénoms Judith Darlene de sa naissance. Au point d’avoir adopté et imposé le surnom de « Zebra« . D’utiliser celui de « Judy » lors des évocations autobiographiques de son enfance. Le nom a changé au fil de ses mariages. Depuis son divorce animé et médiatique d’avec Jeffrey Knight en 1989, le nom Knight qui signifie « chevalier » a sans doute gardé un enjeu symbolique. Depuis 1984, « JZ Knight » est donc sa façon de se présenter.

De la Judith Darlene Hampton de 1946 à la JZ Knight en 2012, le nom de Ramtha a donc fait totalement disparaître le nom d’un père de façon symbolique. De là à intégrer que le personnage masculin de Ramtha renvoie à une enfance, il n’y a qu’une histoire à raconter. Le 29 octobre 2011, l’annonce de l’enterrement de Charles P. Hampton rattrapait JZK/Ramtha pour lui rappeler qu’en plus d’une figure maternelle, paternelle et guide spirituelle d’une Ramtha’s School of Enlightenment devenue famille inventée, elle était aussi « Judith Hampton de Yelm, Washington » . (1)

De hiérophante à oligarche

Aux États-Unis, la doctrine Apex est décrite dans de nombreux articles pour désigner une requête juridique visant à préserver les « hauts dirigeants » d’entreprises des assignations à comparaître en avançant l’argument qu’ils n’ont pas eu connaissance directement des faits : les conditions d’accident d’un salarié, une malfaçon dans un processus de fabrication… D’aucuns y verront une façon de limiter une responsabilité dirigeante ouvrant la voie à la mise en cause des subalternes devenus fusibles dans des affaires embarrassantes. Éviter d’embarrasser, d’ennuyer, de faire perdre du temps, d’harceler, ce sont les expressions qui reviennent pour justifier d’y faire appel. La question d’une impunité est à rapprocher d’un discours présent au sein de la RSE pour entretenir une image contestataire en fustigeant une oligarchie à travers des scandales politiques, économiques, environnementaux… Pour faire face aux témoignages d’anciens membres de la RSE dans la procédure intentée contre Virginia Coverdale, les avocats de la plaignante Judith « Zebra » Knight, dirigeante de la société JZK, n’excluaient pas de faire appel à la fameuse doctrine.

Quelques règles d’or internes

Avoir les moyens d’accéder et de suivre les « enseignements » de la RSE. Ne pas être malade. Ou plutôt il faut pouvoir accepter l’hypocrisie de ne pas le montrer aux autres, ni de l’accepter pour soi-même. Même pour un rhume. En un sens, à plus forte raison pour une chose aussi simple qu’un rhume. Ne par interpeller JZK/Ramtha sur une question qui pourrait l’embarrasser. .

Qu’est-ce qu’une tyrannie spirituelle ?

Règner sans partage. Imposer un rapport de domination. Avoir une garde rapprochée. Faire de la contestation un motif d’exclusion. Faire payer pour une protection. Organiser des règles disciplinaires. Désigner des ennemis et des boucs émissaires. Manipuler l’information. Surveiller et user de l’intimidation. Avoir un double discours. Isoler des personnes. Exercer une influence par la peur. Entretenir un profit économique en faisant reposer une croyance sur la promesse d’un salut.

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Sources :
• Europe grande prostituée : cf « La Dernière valse des tyrans » p.26.