2014, année des 68 ans de Judith « Zebra » Knight. Cela fait près de trente ans qu’elle occupe une place sur la scène fluctuante des « maîtres ascensionnés », dont vingt-quatre ans avec la Ramtha’s School of Enlightenment (RSE). Comment peut-on en arriver à la rencontrer ? Pour ceux qui ne sont pas familiers de ce mouvement, ça peut commencer ailleurs, par des titres accrocheurs révélant « Le sens de la vie », « Comment faire émerger ses potentialités », « Que croire? », « Enfin comprendre », « Apprendre à décoder », « Masculin/féminin », « Et demain ? ». Des sujets qui n’amènent pas de réponses définitives mais déjà, d’autres titres se proposent de lever le voile sur les coulisses de la vie. De l’amour. De la foi. De la mort. De la politique. De l’histoire. De la santé. Du bien-être. De l’environnement. De la science. De la philosophie. De l’espace. De la génétique. De l’avenir. L’expression en France de la RSE est assez confidentielle mais elle n’a pas l’exclusivité de ces thèmes. Ce peut être un magazine, un film, un documentaire, un livre, une simple réunion d’information, un cours de relaxation, un message dans une discussion sur internet. Le risque avec ces coulisses n’est pas d’y aller, mais d’en être dépendant quand elles sont l’expression d’une volonté d’exercer une influence et d’alimenter une culture, la source d’un revenu et qu’il ne s’y trouve pratiquement pas de connaissance en partage. Le repli sur soi rend cela possible, d’autant plus lorsqu’il est décrit comme un « recentrage souhaitable ou nécessaire pour évoluer ». Comment se débattre avec des facettes sensibles de l’expression humaine pour arriver —malgré soi sans doute— par les incarner ? Cela vaut bien quelques contradictions.

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 Des structures …

École pour petits et grands

Fin 2010, l’école privée pour enfants « Children’s School of Excellence » (CSE), dont les « enseignements » intégraient les théories de JZK/Ramtha, fermait ses portes après 12 ans d’activité en avançant des causes budgétaires. En septembre 2010, « The Phoenix Rising School » (PRS) ouvrait les siennes tout aussi proche géographiquement du siège de la Ramtha’s School of Enlightenment (RSE) à Yelm, avec 45 enfants.

« The Phoenix Rising School » a été créée par Rebecca and James Capezio, étudiants à la RSE depuis au moins 2004. En 2008, l’implication de R. Capezio (présentée comme petite-fille de l’homme d’affaires sud-africain Harry Oppenheimer) s’était déjà manifestée avec un don de près de 170 000$ de soutien à la CSE lors d’une enchère pour une session d’une heure en tête avec JZK/Ramtha. À l’époque, la CSE avait une capacité de près de 70 « élèves », les frais de scolarité étaient estimés à 5500$ annuel par enfant, de la pré-maternelle à la 8e année .

« The Phoenix Rising School » (PRS) résume son programme sous l’appellation C.R.E.A.T.E.™ (« Consciously Realizing Every Attitude and Thought into Experience ™ ») et revendique en « caution scientifique » s’être inspirée d’un livre de Daniel Pink. L’encadrement de la PRS (dont de nombreux ex-CSE et étudiants de la RSE) affiche pour objectif d’apprendre aux enfants à « Transformer consciemment chaque attitude et pensée en expérience » dans des termes identiques à ceux de la RSE. Identiques au point qu’en guise d’intervenant les enfants peuvent recevoir la visite de Mike Wright, bras droit de JZK/Ramtha. Pour répondre à leurs questions préparées à l’avance : « pourquoi… comment? ». Et pour leur renvoyer une image d’adulte et l’expression d’une normalité. Les activités en aveugle (yeux bandés), de focalisation sur bougie et sur cartes à deviner, le dogme « chacun est dieu », sont intégrés dans les « enseignements »(1), côtoient les matières classiques et pratiques artistiques, sportives et de loisirs.

Outre le transfert des théories de JZK/Ramtha dans un cadre pédagogique scolaire, la référence au livre « Drive » de Daniel Pink met en avant une offre publique qui se distingue tel un argument publicitaire. « The Phoenix Rising School » est le produit proposé aux parents proches des théories de la RSE, envisageant l’éducation de leur enfant centrée sur une inquiétude de l’avenir du monde. Cette tension depuis laquelle le monde est perçue est telle que la RSE assume prendre pour modèle un livre qui expose une théorie sur la psychologie du travailleur type, pour garantir le succès d’une entreprise. C’est-à-dire en resserrant le propos, non pas sous l’angle d’un épanouissement de l’élève/salarié mais pour recodifier l’efficacité, le rendement et la rentabilité d’une société à but lucratif. « Drive » s’inscrit par là dans la lignée des livres qui ont rendu célèbre Napoléon Hill et Abraham Maslow, et la vulgarisation de ficelles et de conditionnements psychologiques pour accéder à une réussite individuelle de l’ordre du management professionnel. À l’occasion, la réussite d’un de ces enfants sera utilisée sur un site internet de JZK/Ramtha ou Steve Klein.

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Des supports de diffusion …

avec The Golden Thread

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Échec sous ©opyright Attentive à une protection commerciale et juridique, la société JZK ne dépose la marque « The Golden Thread » que près de deux ans après le lancement du magazine. L’omniscience revendiquée par la RSE a sans doute des répercussions sur les activités qui peuvent ne pas tenir leurs promesses d’après un bénéfice attendu ou espéré. « The Golden Thread » (la voie dorée…) sera un échec pour JZK/Ramtha et la RSE.

Étude de marché En juillet 2003, après 14 numéros, la parution du magazine est interrompue invoquant des coûts de fabrication ramenés au nombre de lecteurs, et malgré un profil fourni par la société JZK à l’intention des publicitaires (sondage annoncé auprès de 1100 lecteurs).
Lectorat Femme : 69%. Homme : 31%.
Âge – de 21 ans : 2% / 21 à 40 ans : 26% / 41 à 60 ans : 57% / + de 60 ans : 15%.
Revenus – de 20 000$ 38% / 20 à  50 000$ : 40% / 50 à 80 000$ : 13% / + de 80 000$ : 13%.
Niveau d’étude Diplôme d’étude secondaires : 24% / College : 33% / Bac : 27% / Maîtrise : 11% / Doctorat ou équivalent : 5%.

Ambition/Prétention Le magazine « The Golden Thread » (68 pages, format magazine) prenait le relai en mai 2001 de « The Golden Thread enterprises » (1997-2000, 20/32 pages, format journal). La couverture donnait le ton ; JZK/Ramtha photographiée de profil, réussissait à poser souriante malgré l’embout d’une imposante pipe, accessoire associé au personnage « Ramtha ». En mineur, deux photos noir et blanc de célébrités dont Einstein avec eux aussi leur pipe devenue objet de connivence pour accompagner l’accroche éditoriale « Un Dialogue avec Ramtha. Concilier Science et Surnaturel » (détournant au passage le titre d’un livre de Norman Friedman sur David Bohm). Le regard muet des deux célébrités, entre humour et ironie, aura le dernier mot!

Le rôle de « The Golden Thread » Avec son sous-titre « Science et sagesse antique à la poursuite de la connaissance », la société JZK affiche une vitrine publique plus généraliste et moins confidentielle que les produits dérivés signés « Ramtha ». La ligne éditoriale du magazine reste néanmoins conforme aux méthodes éprouvées : recyclage d’extraits de discours de JZK/Ramtha, participation de cadres « enseignants-étudiants » (Joe Dispenza, Mike Wright, Steve Klein, Caroll Adam Cobbs…), accumulation des intervenants pour animer une culture, prétendre à des démonstrations par des morceaux choisis d’actualité.

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avec SC Superconsciousness

En surface, l’histoire de Jair Robles Barajas satisfait les critères d’ambition et de réussite selon le modèle de l’esprit d’entreprise. Mexicain, il s’installe aux États-Unis et fonde en 2007 le magazine « SC Superconsciousness » (version papier et internet). Seulement voilà, pour l’œil averti, « L’exploration du potentiel humain » et « Ancient wisdom- Science- Vitalminds for the brain » font singulièrement écho au défunt magazine « The Golden Thread » de la Ramtha’s School of Enlightenment (RSE).

Un éditorial précise que le magazine a été créé par une équipe de personnes ayant choisi de « s’embarquer pour un voyage dans la connaissance spirituelle et la connaissance de soi », « ne pas prétendre être des gourous ou avoir des réponses pour d’autres », « vouloir faire découvrir l’inconnu en apportant des preuves solides », « montrer que nous avons tous la capacité innée de créer une vie fantastique », et accueillir des personnalités de divers horizons contribuant à « fournir une vision globale ». Encore l’écho…

La demande d’enregistrement de la marque « SC SuperConsciousness » a été faite pour le compte de la société « La voz del Istmo » qui a son siège à Yelm, par Joseph Coyne, le même homme de loi qui a géré les copyright de Judith « Zebra » Knight (JZK). Il ne faut donc pas s’étonner de la proximité de localisation, des théories et du commercial entre Jair Robles Barajas et JZK. Ni être surpris que Danielle Graham « étudiante/enseignante » à la RSE depuis 1988 soit la co-Rédactrice en chef du support.

À l’approche du lancement du magazine, dans une interview, Jair Robles Barajas en disait un peu plus sur son parcours. Il a assisté en 1999 à une représentation de JZK à Careyes au Mexique, et a été séduit par le message (évoquant tour à tour l’émancipation face aux traditions fortes telles celles liées aux Mayas et d’avec les parents …) au point d’aller aux USA pour suivre les enseignements de la RSE. Il évoque une période de dépression lors de son retour contraint au Mexique pour 2 ans suite à l’expiration de son visa. De retour aux USA en 2006,il réintègre la RSE et monte le projet dans le prolongement de « The Golden Thread » et de « What the bleep do we know?! ». Et Jair Robles d’énoncer que l’objectif de « SC SuperConsciousness » est « d’attirer les gens qui n’ont pas été exposés à ce type d’information » pour stimuler une curiosité qui conduira espère-t-il à la RSE, et conforter les autres.

La biographie de Jair Robles Barajas précise qu’il est le plus jeune fils de l’influent homme de presse mexicain Jose Pablo Robles Martinez, propriétaire du journal « Diario del Istmo » (Coatzacoalcos, Veracruz), de la revue « Llvave », de l’Agence « Imagen del Golfo »; marié à Roselia Margarita Barajas Olea, ex-député PRD (Parti de la Révolution Démocratique). Des parents qui sont fortement impliqués dans la société mexicaine sur fond d’enjeux politiques, d’opinion publique, et d’intérêts économiques. À ce stade, on aurait tort de se priver de préciser que l’actrice Salma Hayek, qui a ouvertement déclaré son adhésion à la RSE, est née à Coatzacoalcos, et que son père Sami Hayek Dominguez, dirigeant d’entreprise pétrolière, a également été en course pour la mairie.

En 2007, la RSE avançait le chiffre de 1575 étudiants courants au Mexique et en Amérique du Sud.

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avec What the Bleep do we know !?

Le documentaire-fiction « What the Bleep do we know !? » (« Que sait-on vraiment de la réalité!? ») est une des tentatives de séduction de JZK/Ramtha à destination du grand public. Sorti en 2004, soutenu par une campagne de communication efficace, il rencontre un succès en salle de cinéma avant d’évoluer lors de sa déclinaison en format DVD en 2006. Le documentaire a pu passer pour une vulgarisation scientifique de la physique quantique au point d’avoir été utilisé comme support pédagogique dans le circuit scolaire. Mêlant habilement les faits et les interprétations, les intervenants qui semblent dévoiler des facettes de ce domaine complexe énumèrent en fait des arguments majeurs de la Ramtha’s School of Enlightenment (RSE)

Les premières impressions ont leur importance, les mots employés, la succession des scènes, les intervenants; le fond et la forme imprimés en un rythme soutenu. Le film a été monté pour créer un choc psychologique, ne serait-ce que dans l’absence de rêpit et un va-et-vient constant entre l’émotionnel et là où l’attention est amenée. Son message pourrait être résumé ainsi. La physique quantique qui réconcilie la religion et la science devrait être un exemple pour surmonter nos conflits relationnels, nos malaises quotidiens, et notre rapport au monde. Évidemment, le propos n’est pas aussi frontal au contraire même. Chaque interprétation des différents intervenants est associée à une fiction décrivant le quotidien éprouvant d’une photographe sourde et muette. Incompréhension, solitude, amertume, recours aux médicaments, stagnation professionnelle, déception amoureuse, la caricature stimule une empathie qui trouvera un soulagement dans des « révélations quantiques ».

Le but du film est clair : concilier la science et la spiritualité pour prétendre accompagner une nouvelle conscience, un paradigme. L’ambiguïté elle, vient du contraste entre les constats critiques et les réflexions, qui donne une direction et trace une voie unique. Du constat aux « solutions », le film se poursuit par des raccourcis ; d’un côté on parle de «révélation» et d’éveil, d’un autre côté les moyens utilisés sont moins transparents. La légitimité des intervenants n’est jamais abordée. La généalogie des idées est passée sous silence. Le débat est absent. La pédagogie quasi inexistante. Étant donné le sujet, les impasses et les maladresses que l’on pourrait attribuer aux contraintes du format film, mettent en lumière une volonté et un certain message.

En caricaturant l’héroïne sourde muette et à quoi elle est confrontée, le film force une identification basique. Difficulté à comprendre le monde, difficulté à s’exprimer dans le monde. Et de passer en revue les lieux communs : subir son quotidien, ne pas trouver sa place, être malheureuse, être déçue, se sentir trahie. Cette simplification est elle-même renforcée par la présence d’une amie qui manifeste un bien-être : sourire béat, créativité juvénile, sollicitude polie. L’une est observée dans les crises de son engagement dans la vie : travail, confrontation à l’environnement, blessures sentimentales, relations sociales, expression. L’autre intervient en abstraction : pas de travail, pas de détails personnels, pas de « chez elle ». On voit l’une se frotter au quotidien et l’autre pas, en juxtaposant les humeurs en apparence.

Très rapidement, un appel est lancé à l’«ouverture d’esprit». Pourtant, ce qui accompagne cette «ouverture d’esprit» repose précisément sur l’histoire caricaturale de la photographe muette. Comment elle se sent mal, et de faire répondre à ces tranches de mal de vivre, des interprétations comme des évidences, des expériences comme des faits avérés. Le rythme suggère et cautionne donc une dynamique de question/réponse. Même les petites animations supposées pédagogiques ne laissent pas de temps à la réflexion. L’objectif n’est pas de comprendre, mais d’être séduit et même flatté, dans un flux de suggestions et de curiosités, de façon continue, constante et intensive.

Les intervenants sont présentés comme des « scientifiques dévoués » et des « leaders religieux » sans donner plus de détails. Ils ne parlent pas au titre de leur activité ou de leur fonction, ils sont davantage en marge, dans l’expression d’une conviction en forme de confidence. Durant le film, derrière chacun, des fonds symboliques choisis : bibliothèque (le savoir), architecture ancienne et imposante (le sacré), laboratoire (la science), maison (l’espace intime), un désert, une cascade, un jardin (la nature, le voyage), une conférence (la parole publique), une exposition (la culture), un terrain de basket (le loisir). L’absence de dialogue est un choix. Il y a une mise en scène pour construire un champ de compétence et stigmatiser les domaines de l’activité humaine. Ces interventions forment ensuite un ensemble qui suggère une cohérence.

La construction du film, la mise en scène, le rythme, et les interventions ne sont donc pas dus au hasard bien au contraire. L’« ouverture d’esprit » est de fait assez peu sollicitée dans le sens d’une compréhension et d’un éveil. Il ne s’agit pas de s’ouvrir, mais d’accepter des postulats présentés comme des certitudes. Il ne s’agit pas de comprendre, mais d’accepter des explications telles des révélations. Il ne s’agit pas d’intégrer une connaissance, mais d’adhérer à une vision. Alors que penser de l’appel à l’«ouverture d’esprit» quand il s’agit de s’exposer à une opération de séduction… qui sait, de recrutement ? Ainsi les questions intimes et sensibles dirigent-elles plus qu’elles accompagnent. Et de questionner le spectateur sur ce qu’il est prêt à admettre : le passage du « Et si… » (par curiosité, voyons « SI » ça mène quelque part, pourquoi pas ?) au « SI… » : « SI j’y crois j’aurai accès à…». De la « possibilité » à la « condition ».

Cette nuance entre « possibilité » et « condition » peut faire aborder une autre interrogation. Sur une thèse qui renvoie dos à dos la religion et la science. Ou pour être plus précis, qui tend à rendre la religion catholique et une science « mécaniste » responsables d’une impasse historique. C’est un peu oublier, en marge des anecdotes, que la science n’a pas pour vocation d’infirmer ou de confirmer les religions. En liant la science et la religion/spiritualité pour aborder l’évolution humaine, le film suggère ainsi une démission, un retrait, un échec de la philosophie, de la politique, des idées, de l’engagement, dans le champ du quotidien. Cette «réduction» historique ne parle pas — tiens étrange ! — de « l’individu » dans l’histoire.

À ce premier visionnage, les partis-pris dessinent le portrait d’un public ciblé : plutôt les occidentaux, plutôt blancs, plutôt de classe moyenne, cultivés, culturellement plutôt chrétiens sans être pratiquants, perdus face à la modernité dans le choc entre le progrès et le monde, déçus ou indifférents à la politique, méfiants vis-à-vis des institutions, blessés dans leur vie intime et sociale, inquiets. L’imbrication des interventions crée un discours global appelant à une démarche personnelle d’adhésion à ce « quantique spirituel ». Alors, à qui profite ce discours structuré qui manque de transparence et ramène l’évolution humaine au bien-être individuel par des techniques ? La façon et l’intention mises dans l’élaboration de ce film sont éloignées d’un simple documentaire-fiction. C’est à la fin qu’on découvre le pédigrée des intervenants et des réalisateurs.

Où il s’avère que : les cinéastes et scénaristes Chasse, Arntz et Vicente étaient des étudiants RSE. Les intervenants Dispenza et Ledwith ont été étudiants et enseignants RSE de 10 ans à 20 ans. Allen, Pert, Gotswami, Hagelin ont tenu des conférences à la RSE. Amit Goswami (1) a fait parti de l’équipe constituée par JZK en 1996 pour fabriquer une caution scientifique. En marge : Alpert, a dénoncé la manipulation de ses propos lors du montage quand il expliquait ses réticences à relier la mécanique quantique et la conscience. Masaru Emoto qualifie parfois ses propres recherches sur l’influence de mots ou musique sur les molécules d’eau, d’«essai photographique» ; précise que les résultats sont variables et que sur les séries obtenues, qu’il choisit une photo parmi d’autres selon des critères esthétiques subjectifs. La séparation de Miceal Ledwith (caution théologique) d’avec l’église catholique s’est faite sur fond d’enquête et de rapports sur la réponse des institutions à la question des abus sexuels. Mark Vicente, a depuis rallié NXIVM de Keith Raniere qui dispense un «Executive Success Programs» pour «réactualiser et développer le potentiel humain» ; une organisation qui a eu le droit à quelques chronique sur un cas de suicide et un procès pour détournement financier.

Pour ce qui est des idées, sans aller ici sur le terrain des théories scientifiques, une introduction du film (séquence « IsNewsReal ») et le fil conducteur du couple de la science et de la spiritualité étaient presque mot pour mot (120 ans après), contenus dans l’ « Introduction sur la doctrine ésotérique » dans « Les Grands initiés, esquisse de l’histoire secrète des religions » d’Édouard Schuré. Ce livre est consultable gratuitement sur le site de la BNF. Voici le texte qui introduit la succession des intervenants de « What the bleep… »:

« IsNewsReal films vous offre les nouvelles les plus enrichissantes. En a-t-on fini avec le divorce ? La science et l’esprit repasseront-ils devant l’autel ? La SCIENCE et l’ÉGLISE parlent-ils le même langage ? La recherche du divin et la recherche des connaissances sur l’univers sont sorties des mains brumeuses des temps de l’ANTIQUITÉ. L’ancienne Sumeria vénérait un dieu de l’astronomie, un dieu de l’horticulture, un dieu de l’irrigation. Et les prêtres des temples étaient à la fois scribes et chercheurs en quête de ces aires de connaissance. Dans la grèce ancienne, les philosophes qui se posaient des questions sur l’existence de l’homme ont développé des théories sur l’atome, sur les mouvements du ciel et sur l’éthique humaine. En EUROPE, pendant le MOYEN-ÂGE, l’ÉGLISE OCCIDENTALE accéda à une position de force suprême. Elle était influente, possédait des terres et croyait détenir la vérité. L’Église s’est crue le droit de faire croire qu’elle avait la suprématie des connaissances. Le DOGME était la loi. Mais la SCIENCE avait avancé et remettait en question l’affirmation que la terre était au centre. Copernic, Bruno et Galilée ont souffert la main dure de l’Église. La tragédie. Comme l’église ne pouvait pas continuer à réprimer la science, une barrière a été mise entre la connaissance et l’effort humain. Descartes inventa le dualisme. L’Église est restée du côté de ce qui ne se voit pas, la science du côté de ce qui se voit. Le MATÉRIALISME était né. Une trêve précaire. Les scientifiques étaient enfin libres et ils prirent leur revanche : »ce qui ne se voit pas est une pure fantaisie, un mensonge, nous ne sommes que des petites machines dans un univers qui est un mécanisme prévisible et réglé par des lois absolues et immuables ». L’Église contre-attaqua et condamna les scientifiques sans âme à l’enfer. DARWIN répondit : « il n’y a pas de créateur. Nulle part. Nous sommes des mutations aléatoires. Des simples porteurs de l’incessante recherche de l’ADN dans un univers qui n’a pas de sens. Et cependant la SCIENCE et la RELIGION se trouvaient dans une IMPASSE. Et elles n’avançaient plus. Si tout était mécanique et dieu était le sain créateur, quel était le rôle des humains ? La Science continua à RECHERCHER dans un univers mort et trouva un mystère. Dans un endroit réduit de l’espace et du temps, les scientifiques trouvèrent une ÉNERGIE DÉMESURÉE et des mystères qui cachaient la compréhension. Des mystères qui suggèrent que nous sommes tous connectés. L’univers PHYSIQUE est, en essence, NON PHYSIQUE. Et que le temps et l’espace ne sont rien d’autre que la construction de cette immatérialité. À présent des SCIENTIFIQUES dévoués se réunissent avec des leaders religieux [visionnage des intervenants du film dont M. Ledvith et JZK/Ramtha…] et des congrès sont organisés pour mettre en place une entente entre la SCIENCE et l’ESPRIT. Comme cela ouvra en grand la vision les portes d’une vision mécanique au XXe siècle, peut-être au XXIe siècle le mur qui existe entre l’ÉGLISE et le LABORATOIRE tombera-t-il. C’est sur ces mots que votre reporter de IsNewsReal vous quitte. (Partie introductive du docu-fiction « What the bleep… », version française).

Et voici des parties d’une autre introduction, celle d’E. Schuré dans « Les grands initiés, esquisse de l’histoire secrète des religions. Rama – Krishna – Hermès – Moïse – Orphée – Pythagore – Platon – Jésus. » (Perrin et Cie, ed. 1921, 61ème édition). La théosophie à laquelle E. Schuré fait référence prend en compte celle alors contemporaine de H.P. Blavatsky tout en manifestant une sensibilité propre qui lui vaudra une amitié et une rupture aussi avec Rudolf Steiner. L’engagement de l’auteur peut participer à saisir, tel un instantané, un contexte et les réflexions qui ont entouré une théosophie plurielle.

« Le plus grand mal de notre temps est que la SCIENCE et la RELIGION y apparaissent comme deux forces ennemies et irréductibles. Mal intellectuel d’autant plus pernicieux qu’il vient de haut et s’infiltre sourdement, mais sûrement dans tous les esprits, comme un poison subtil qu’on respire dans l’air. Or, tout mal de l’intelligence devient à la longue un mal social. » (p.VII)« L’application de la méthode que j’ai appelée l’ésotérisme comparé à l’histoire des religions nous conduit donc à un résultat d’une haute importance, qui se résume ainsi : l’ANTIQUITÉ, la continuité et l’unité essentielle de la doctrine ésotérique. » (p.XVIII) « Tant que le CHRISTIANISME ne fit qu’affirmer naïvement la foi chrétienne au milieu d’une EUROPE encore à demi-barbare, comme au MOYEN-ÂGE, il fut la plus grande des forces morales ; il a formé l’âme de l’homme moderne. » (p.VII) « Mais depuis que l’Église, ne pouvant plus prouver son DOGME primaire en face des objections de la science, s’y est enfermée comme dans une maison sans fenêtres, opposant la foi à la raison comme un commandement absolu et indiscutable; depuis que la SCIENCE, enivrée de ses découvertes dans le monde physique, faisant abstraction du monde psychique et intellectuel, est devenue agnostique dans sa méthode, matérialiste dans ses principes comme dans sa fin ; depuis que la Philosophie, désorientée et impuissante entre les deux, a en quelque sorte abdiqué ses droits pour tomber dans un scepticisme transcendant, une scission profonde s’est faite dans l’âme de la société comme dans celle des individus. » (p.VIIII)« Nos savants qui pratiquent la méthode expérimentale de Bacon pour l’étude de l’univers visible avec une précision merveilleuse et d’admirables résultats, se font de la Vérité une idée toute extérieure et MATÉRIELLE. Ils pensent qu’on s’en approche à mesure qu’on accumule un plus grand nombre de faits. Dans leur domaine, ils ont raison. Ce qu’il y a de grave, c’est que nos philosophes et nos moralistes ont fini par penser de même. » (p.X) « DARWIN a montré les lois auxquelles obéit la nature pour exécuter le plan divin, lois instrumentaires qui sont : le combat pour la vie, l’HÉRÉDITÉ et la sélection naturelle. Il a prouvé la variabilité des espèces, il en a réduit le nombre, il en a établi l’étiage. Mais ses disciples, les théoriciens du transformisme absolu qui ont voulu faire sortir toutes les espèces d’un seul prototype et faire dépendre leur apparition des seules influences des milieux, ont forcé les faits en faveur d’une conception purement externe et MATÉRIALISTE. «  (p.XXIII)« Ce conflit, d’abord nécessaire et utile, puisqu’il a rétabli les droits de la Raison et de la Science, a fini par devenir une cause d’IMPUISSANCE et de dessèchement. La Religion répond aux besoins du cœur, de là sa magie éternelle ; la Science à ceux de l’esprit, de là sa force invincible. » (p.VIII) « La SCIENCE et la RELIGION, ces gardiennes de la civilisation, ont perdu l’une et l’autre leur don suprême, leur magie, celle de la grande et forte éducation. » (p.XXX) « Les PERSPECTIVES qui s’ouvrent au seuil de la théosophie sont immenses, surtout lorsqu’on les compare à l’étroit et désolant horizon où le matérialisme enferme l’homme, ou aux données enfantines et inacceptables de la théologie cléricale. » (p.XXI) « La surprise augmente, si, revenant aux sciences modernes, on constate que depuis Bacon et DESCARTES, elles tendent involontairement mais d’autant plus sûrement, à revenir aux données de l’ancienne théosophie. Sans abandonner l’hypothèse des atomes, la physique moderne en est arrivée insensiblement à identifier l’idée de MATIÈRE avec l’IDÉE DE FORCE, ce qui est un pas vers le dynamisme SPIRITUALISTE. » (p.XXI) « La psychologie expérimentale appuyée sur la physiologie, qui tend depuis le commencement du siècle à redevenir une science, a conduit les SAVANTS CONTEMPORAINS jusqu’au seuil d’un autre monde, le monde propre de l’ÂME, où, sans que les analogies cessent, règnent des lois nouvelles. J’entends parler des études et des constatations médicales de ce siècle sur le magnétisme animal, sur le somnambulisme et sur tous les états de l’âme différents de la veille, depuis le sommeil lucide à travers la double vue jusqu’à l’extase. La SCIENCE MODERNE n’a fait que tâtonner dans ce domaine, où la SCIENCE DES TEMPLES ANTIQUES avait su s’orienter, parce qu’elle en possédait les principes et les clefs nécessaires. » (p.XXIV).

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Cette introduction a disparu à la faveur des nouvelles éditions DVD, remplacée plus sobrement par quelques phrases sensées marquer, et la mise en évidence de JZK/Ramtha, Miceal Ledwith et Joe Dispenza parmi les intervenants. Les thèmes abordés ne sont pas nouveaux, et ils sont accessibles à tous ! Alors que penser d’un film « Que sait-on vraiment de la réalité !? » (What the bleep do we know ?!) qui ne dit pas son identité ni ses sources, et ne dit pas faire la promotion de la Ramtha’s School of Enlightment ? Au moins, souligner le réalisme des auteurs à produire un film et faire la promotion de JZK/Ramtha en prescription face à une anxiété. Une efficacité qui permettra au DVD de rencontrer un succès, et à William Tiller de dire que depuis le film, ses ventes de livres ont doublé. Alors « Que sait-on vraiment d’un film » qui ne dit pas qu’il y a au moins quatre « écoles de pensées » majeures chez les scientifiques qui divergent sur les interprétations quantiques, notamment sur l’interaction Observateur/quantique ?!

La question pourrait être : qui est prêt à payer (et parfois au-delà du financier) pour du « spirituel », de l’« épanouissement », du « management », du « coaching »… et aussi avec Ramtha ou autre ? Quelques chiffres : la RSE compterait de 6 à 8000 membres annuellement dans le monde, dont près d’un millier vivraient près de Yelm et paieraient selon les périodes 1000 $/semaine pour accéder à des séminaires. Pour les autres 300 $ pour accéder à des cours à domicile. Pour rester un membre RSE, il faut participer annuellement à deux manifestations dont l’inscription est de 1000 $. Les sessions streaming coûtent de 50 à 150 $ ponctuellement (un potentiel de 1000 à 1500 connectés par session). À quoi s’ajoutent les produits dérivés et publications… Oui, le film a une fonction dans tout ça.

Le souhait d’un paradigme, à moins qu’on touche à un paradoxe ! Ce que dessine le film par le biais de l’héroïne sourde et muette est la possibilité de gérer son mal-être, mal de vivre, difficulté à se vivre en société par un travail sur soi (ritualiser le quotidien, redéfinir l’expression humaine, créer sa réalité…). Finalement, ce travail personnel, individuel et individualiste créé un «modèle psychologique et social» qui répond idéalement et favorise le «modèle économique et politique libéral» voire son effondrement : résistant au stress, imaginant sa vie pour ne pas subir le quotidien, critiquant un système sans le contester : le « couple modèle » quoi ! Et puis il y a la possibilité d’influer sur la chimie de son corps. Admettons… une cartographie du cerveau permet d’établir la fonction de certains organes (hypothalamus, glandes diverses…). Pourtant, personne ne prétend connaître la totalité de l’activité cérébrale. En «ciblant» certaines fonctions, on sait que l’on touche à des interactions loin d’être elles, bien identifiées. Optimiser un organe change des régulations et des équilibres. Alors quoi ? Au mieux ce désir de contrôle sur des fonctions serait identique à l’approche médicale prétendant opérer des frappes « chirurgicales » par les inhibiteurs, les antidépresseurs, les bêtabloquants (phénomènes d’accoutumance, de dépendances, dépression, trouble de la libido et de l’humeur, suicide, dysphorie, incidences sur le métabolisme…). Et en des eaux plus troubles, être déjà dans les enjeux liés à l’eugénisme, les biotechnologies…

Pour arriver donc jusqu’à ce souhait de paradigme qui passe tout de même sous silence quelques paradoxes. Paradoxe scientifique, historique, philosophique…: les questions soulevées par le quantique et le film illustrent à leur tour les distorsions essentielles (qui existent depuis toujours) entre le macroscopique et le microscopique. Paradoxe intellectuel : comment le quantique, avec ses variables, ses inconnues, ses limites, ses erreurs peut-il révéler ce qui est encore caché ?  Paradoxe philosophique : un paradigme peut-il reposer sur une tradition ? Paradoxe spirituel : quand l’unité devient une doctrine, que reste-t-il de la compassion et l’amour ? Paradoxe quantique : le quantique ne porte pas sur la réalité ou sur la vérité, mais sur leur connaissance ! Paradoxe humouristique : quand on admet pouvoir influencer son corps et son esprit, ça porte une drôle d’atteinte au chanelling de Judith Zebra Knight non ?! Paradoxe social : que faire d’une vie qui a un prix, mais dont la valeur disparait ? Et tous les autres !.

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Sources :

(1) Voir Neighborhood Walk ®, Fieldwork ®, Analogical Archery ™ marques déposées par JZK Inc.

• Disciplines => trademarkia.com/create-your-day-76677947.html => jaimelealanaya.net/bio.htm => tdr.uspto.gov/search.action?sn=76685573 => yelm.com/2007/10/support-our-local-businesess-i.html => wesak.us/past/speakers/davis.php => trademarkia.com/blue-body-76326124.html). En 2001, JZK fait une demande d’enregistrement n°76326124 de la marque « Blue Body© » auprès des services de copyright. Pour être prise en compte la demande doit décrire l’objet de la marque et ses champs d’application. La description est succinte : « développement spirituel et des disciplines spirituelles ». La demande est faite pour des posters, des casquettes de baseball, et des enseignements. En 2002, un amendement est apporté au dossier pour enlever les applications posters et casquettes. Le copyright est validé par les services en 2003. En 2005, le « Corps bleu®Guérison » est une discipline présentée comme le langage quantique d’une santé rayonnante pour « Devenir une vie remarquable en 8 jours ».

• => gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2150772/f18.image.r=.langFR

• => meaningfulfunerals.net/fh/obituaries/obituary.cfm?o_id=1296311&fh_id=12659

• (1) A. Goswami : conférence  » Channeling the Ramtha Phenomena and esoteric teachings : a quantum view from a new science », 8-9 fevrier 1997 (Conf. « In search of self », Yelm)